Conversations avec J

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Allez, allez… Contextualisons (un peu)

J – jeune homme de 19 ans – Qui ne va pas trop bien mais pas si mal quand même… Il est dans un moment de rupture, de réflexion et de grand changement.

 Première conversation du 24 janvier 2017

Je propose à J de trouver lui-même ce sur quoi il voudrait travailler.

Il dit : « Qu’est qui me plaît vraiment ? Qu’est-ce que je pourrai faire pour moi (et pas forcément en référence aux autres) ?

Je lui demande de me raconter où il en est aujourd’hui. Il a choisi de faire des études de commerce, a fait une première année brillante sur le plan des résultats (deuxième de sa promo) mais a décidé cette année de tout arrêter. « Ces études, c’était un choix par défaut pour les voyages et le bon train de vie », dit-il.

Je lui demande de me préciser le problème auquel il se trouve aujourd’hui confronté.

« C’est plutôt un obstacle intérieur, ma peur de ne pas plaire… Je me suis senti pris au piège dans un système de dominos. Au bout du dernier domino, il y a eu la clinique où j’ai demandé à rentrer pour me faire soigner et lutter contre mon état de renfermement, ma paralysie intérieure et mes crises d’angoisse ».

Je lui demande alors de nommer le problème. « Spectros » dit-il sans hésiter.

Je lui demande de me le décrire, lui disant que j’aimerais faire sa connaissance. « C’est un peu comme un spectre, une ombre assez pesante. Il fait comme s’il disparaissait parfois, mais il revient à la charge dès qu’il voit une faille. Son objectif ? Ne pas me laisser prendre les bonnes décisions « .

Je lui demande de me décrire les effets de « Spectros » sur sa vie.

« Il me met dans le doute. Dès que je crois tenir une certitude, il la démolit. Du coup, j’ai tendance à suivre les idées des autres… C’est moi l’ange et lui le démon. Et le plus souvent, c’est lui qui prend le dessus ! ».

Je demande à J s’il peut me raconter un moment où il a pris le dessus sur Spectros…

«  Il est moins présent dans certains moments… Quand je fais du sport par exemple… Si je lis un livre, il parvient à me déconcentrer et me ramène à des pensées parasites. Il m’empêche souvent de vivre le moment présent ».

Je demande à J quel pourrait être le crédo de « Spectros » ?

« Fais attention à tes faits et gestes »… « Sa présence a des effets négatifs sur ma vie sociale, parfois cela m’empêche de (re)contacter des gens… Heureusement, c’est différent avec les personnes avec qui je suis en confiance ».

 

Je continue à questionner J sur les effets de « Spectros » dans sa vie…

« Il arrive souvent avant que je fasse quelque chose ou que j’aille rencontrer des amis… Avant, il me rappelle les trucs à faire… Après, il me montre ce qui n’a pas été bien fait… Sur le moment, il intervient notamment s’il y a un petit couac dans la soirée en me disant que je suis débile, que je pourrai faire mieux, il m’installe dans un système de comparaison forcément négatif.

C’est un travail de sape assez usant… Fatigué par cette observation permanente, je baisse souvent les bras et fini par fatalisme à être d’accord avec lui ».

Je poursuis mon questionnement et continue à rechercher des moments d’exception…

J évoque une situation récente où il avait RV avec une personne inconnue et où il s’est senti « sans barrière, avec l’esprit libéré ».

Je lui demande comment il a fait pour réussir à déjouer « Spectros » ?

« Je me suis posé… Je me suis concentré sur ma respiration, j’y suis allé sans pression ! » dit-il ajoutant aussitôt : « Mais il est malin et perfide, car il arrive à me faire rejeter et me faire oublier ce qui marche bien pour moi ».

 

Nous arrivons au terme de cette première conversation et je demande à J ce qu’il a retenu de cette première expérience…

Il me dit que cela lui a fait beaucoup de bien de sortir Spectros de lui, de le voir comme un personnage extérieur, « de pouvoir le regarder autrement que comme un cancer qui prend le contrôle d’une partie de moi et me phagocyte, m’empêche d’être moi-même ».

 

Deuxième conversation

Je demande à J s’il a eu de nouvelles idées pour contrer « Spectros » depuis que nous nous sommes vus.

J fait référence à une série d’anticipation qu’il a regardé la veille et qui montrait une société où tout le monde se notait en permanence. « C’est comme si je me notais toujours. Et si je ne suis pas au top, « Spectros » débarque aussitôt ».

Je lui demande de me redire comment il avait fait pour prendre le dessus sur « Spectros » lors de ce rendez-vous qui s’était très bien passé…

«  J’utilise une technique de gestion de stress apprise lors de mon séjour en clinique… Je me pose… Je me concentre sur ma respiration… ».

 

Je demande à J quels sont ses rêves du moment ? (L’objectif est d’étoffer le récit pour bâtir une nouvelle identité narrative).

« Envie de croire en mon rêve de faire de la comédie musicale, envie de ne pas m’arrêter au premier obstacle… Envie de prendre plus soin de moi sans trop chercher à faire plaisir aux autres… Envie de passer de l’invisible au visible… d’être moi-même, d’être naturel… M’assumer tel que je suis… sans me préoccuper constamment du regard des autres, sans faire systématiquement mon autocritique ».

Je lui demande de me décrire ce qu’il aimerait mettre en place pour accomplir son rêve… (J s’est inscrit à des stages de théâtre et de chant et devrait passer une audition pour être admis l’année prochaine dans un cours de comédie musicale qui fait référence).

Il me raconte cette première réunion d’information où il a été récemment et qui lui a donné envie d’aller plus loin, il me parle de son désir d’appartenir à une troupe… Avec impatience et sans stress, il dit attendre le début d’un premier stage en février pour « faire quelque chose de plus vivant ».

Je continue de le questionner sur le même thème. Ses objectifs ? Bien préparé son audition, être détendu dans sa tête, se remettre au sport (il a pour l’instant un souci au genou (je-nous ?))…

Il envisage avec confiance la perspective de ces 3 ans de formation pendant lesquels il espère pouvoir se faire repérer pour intégrer une comédie musicale… Peut-être même en anglais pour pouvoir voyager au Royaume Uni, aux USA et ailleurs… Il me parle d’une diversification possible aussi dans le cinéma ou la chanson, de la possibilité de faire une belle rencontre amoureuse…

 

Je lui demande quelles seraient les qualités nécessaires pour mettre en œuvre son rêve ? Sans trop d’hésitation, J établit une liste : travailler dur, être passionné et enthousiaste, avoir l’esprit d’équipe, faire preuve d’adaptabilité et d’ouverture d’esprit en acceptant les différences.

Je continue à le questionner pour trouver d’autres qualités/valeurs… Après un temps de réflexion, il ajoute à sa liste le « lâcher prise », une qualité très importante mais pour lui la plus difficile à atteindre…

La conversation du jour arrive à son terme… je lui demande ce qu’il retient surtout de notre conversation… Il dit : « Arrivé à avoir des pensées positives, à rester optimiste, à croire en moi…

« Lucky for lucky », conclut-il.

 

Troisième conversation

Après être revenu sur la conversation précédente, je propose à J un exercice pour redevenir auteur de sa vie. Et de garder un temps pour dresser un plan d’actions.

Je lui demande quelles qualités il lui a fallu pour se rendre à cette réunion d’information et suivre son rêve…

Il se reconnaît une forme de courage comme qualité… le courage d’abandonner ce qui était préétabli (le cursus de l’école de commerce, etc.), le courage de recommencer autre chose ; le courage de prendre des risques. Il lui a fallu une autre forme de courage pour aller se faire soigner dans la clinique où il est resté près d’un mois… Du courage encore pour accepter que ça n’allait pas bien malgré les très bons résultats scolaires et de tout arrêter pour mieux recommencer.

Je lui propose de nommer ce moment. Il choisit l’expression « un nouveau départ »… plutôt que « sensation d’avancer » ou « renaissance ».

Je continue à le questionner sur les valeurs liées à ce « nouveau départ »… « Le partage, le vivre ensemble, l’épanouissement personnel » dit-il. Il confirme son intention de faire plus de sports et de (se) créer un cercle vertueux (plutôt que vicieux).

Dans le temps qui nous reste, je lui propose de construire ensemble un plan d’action qui va pouvoir l’aider dans les semaines à et mois à venir.

– Sortir plus, voir du monde, « reprendre des soirées »… se constituer un nouveau réseau… faire partie d’un groupe à part entière…

– Trouver un petit boulot (hôte pour évènements via des agences spécialisées).

– Envisager une colocation un peu plus tard (il habite encore au domicile familial), « Idéalement avec quelqu’un avec qui j’en aurai envie »…

– Faire de la méditation… « Une amie m’a parlé de la possibilité d’intégrer un groupe »…

– Faire du sport avec d’autres gens. « Chercher la bonne fatigue ».

 

Pour conclure notre travail de 3 jours, je lui demande de dresser à chaud un premier bilan assez positif. J  détaille ses envies :

– Me remettre les idées en place

– Me conforter dans mes propres choix

– Retrouver qui je suis, naturellement

– Me recentrer autour de ma vie et de mes besoins

– Mettre de côté les mauvaises choses (pour moi)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La deuxième conversation avec A

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« Un sujet se reconnaît à l’histoire qu’il se raconte à lui-même sur lui-même »

(Paul Ricoeur)

Conversation avec A du 7 novembre 2016 

Retour sur la première conversation 

Moi : Qu’est-ce qui a été aidant  ?

A : « On construit en commentant. J’ai réfléchi à un certain nombre de choix pour mon roman : l’utilisation du présent, être davantage dans la narration plus que dans le commentaire ».

Je reviens sur la (longue) pratique du journal intime.

A semble fortement influencé par le jugement (assez négatif) de R Barthes sur cet exercice qu’il a pratiquement lui-même (avec talent).

« Le journal épuise mon désir d’écrire… en fixant le temps, il a la fonction conservatoire d’arrêter le temps qui passe ».

Dans un journal intime, il y a un côté invertébré, fourre-tout, mélange des genres bien loin de la rigueur réclamée par le récit romanesque ».

Sur mon insistance, A concèdera un peu plus tard que le journal intime peut servir aussi de « laboratoire romanesque »

Je reviens ensuite sur  la « Dérobade » (nom qu’il a donné à son problème) en lui proposant de traiter « Dérobade » comme un personnage de fiction et de le construire comme tel sous forme de jeu.

A ayant commencé à écrire dès l’âge de 14/15 ans (1974) – il date son premier récit de 1977 -, « Dérobade » aurait donc 35 ans… Elle est sournoise, pleine de fausses excuses… Elle lui a fait aimer les plaisirs mondains, le sport et tous les plaisirs qui l’ont éloigné de la création littéraire.

Je note quelques informations « soutenantes »  : dès l’âge de 25 ans, on a dit de A qu’il était une « bonne plume » En 1985, son journal prend plus de consistance et devient un laboratoire pour s’essayer à différents genres de récit.

Nous continuons le travail sur le personnage de « Dérobade » et A reconnaît que les intentions de « Dérobade » sont paralysantes et inhibantes. Ce qu’elle se dit : on peut avoir facilement B par le plaisir où « l’aquoibonisme » (pourquoi faire l’effort de l’écriture ?). Quel serait le projet de « Dérobade »? « Que je n’aboutisse jamais », répond-il.

A parle facilement… Je note les éléments les plus importants de la conversation. Il dit : « Le problème n’est pas de commencer mais de… continuer ! C’est plus facile pour moi d’avoir l’agrégation que d’écrire un roman. Je suis souvent dans un ping-pong imaginaire où je me dis que ce serait bien d’écrire ne serait-ce que pour faire plaisir aux gens qui me soutiennent. Je ne suis pas paresseux… Je bouillonne d’idées… Aujourd’hui, c’est le moment où jamais…  En raison de ma douleur physique, je suis privé de beaucoup d’alibis … Et je suis en pleine possession de mes moyens intellectuels ».

Je continue à chercher des moments d’exception : il me parle de deux grands événements survenus à l’âge de 32 ans : la rencontre de sa future femme (berlinoise) et la mort de son frère. A s’investit alors plus dans l’écriture… Il parle de son plaisir à lire et à écrire dans ces moments de solitude… De son début de roman (près d’une centaine de pages manuscrites) repris il y a 5/6 mois… Il dit : « Aujourd’hui, j’ai plus confiance dans mes capacités ».

Las, depuis 3 mois, il n’écrit plus « à cause d’une douleur physique non traitée et assez invalidante »

Je le questionne sur le plaisir du texte. Il mentionne l’écriture d’un « texte cadeau » écrit pour sa femme qui fait revivre sa grand-mère, de son plaisir de « démiurge » et de la capacité de l’écrit de faire échec à la disparition. Il mentionne aussi une nouvelle  sur la peur de la mort écrite à l’occasion d’un problème qu’il croyait grave à l’œil… « J’ai imaginé un dialogue avec mon frère » (déjà décédé).

Je le questionne ensuite sur les effets de « Dérobade » sur sa vie : « Cela me ramène à ma timidité restée intacte dans certains domaines de ma vie. C’est un des masques  de « Dérobade » alors que, par exemple, je suis très à l’aise dans la prise de parole en public. Il envisage que « Dérobade » soit peut-être le porte-voix de ses parents issus d’un milieu populaire (mère institutrice)… « Ils n’avaient aucune fantaisie et aucun goût pour le récit… J’ai le sentiment d’avoir eu une enfance crépusculaire alors qu’une amie qui m’a connue jeune me dit que j’étais lumineux… Mon frère et moi avions une vivacité/originalité qu’ils n’avaient pas ».

En fin de conversation, A me confie qu’au traitement de texte, il préfère l’écriture manuscrite.

Je lui demande ce qui pourrait être aidant pour la suite de notre travail.  Il aimerait trouver un lecteur à la neutralité bienveillante et évoque une personne qui l’encourage beaucoup.

Après le départ de A, je relis mes notes et me dis que la douleur physique dont il se plaint peut tout à la fois lui servir d’excuse pour ne pas écrire mais aussi lui permettre de se débarrasser de certains de ses dérivatifs habituels (sport, etc…) à l’écriture…

Je constate que l’exercice d’externalisation sur « Dérobade » a fait émerger « La timidité », bien cachée sous d’autres masques.

J’ai envie de proposer à A d’écrire une courte histoire avec  « Dérobade » , « Timidité » et lui comme personnages principaux.

Je me demande à quel moment devrais-je ou non accepter de devenir lecteur ? (Si A le propose)

Je trouve aussi qu’il a beaucoup été question de la fonction conservatoire de l’écriture (faire échec à la disparition) ; Pour A, l’écriture permet d’arrêter le temps, de faire revivre les disparus… de refaire lien…

Comment s’en servir pour donner envie à A de ne pas céder aux sirènes de « Dérobade » et de  « Timidité » ?

 

 

 

 

 

 

La première conversation

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Allez allez… Contextualisons (un peu)

Une paire de fauteuils rouges en cuir… Une petite table japonisante… Une chambre d’amis avec vue panoramique sur la ville et sur la pendule de la Mairie…

Un premier client… décidément non je n’aime pas ce mot qui nous ramène à la dimension commerciale d’un échange qui ne l’est pas…

Comment le dire autrement alors  ?  : un patient (non ça fait psy ou docteur)…

Pour l’instant, je préfère dire : une personne qui vient me voir…

 

Comment qualifier notre échange ?  : Une séance (non ça fait trop coach ou psy)

Pour l’instant, je préfère dire : une conversation… (tout simplement)

 

Alors cette première personne qui vient me voir ? Appelons le A puisque c’est le premier…

Il est professeur de lettres modernes… Il porte beau… il s’exprime avec une grande facilité et manie avec un  bonheur évident la langue française.

Il vient me voir parce qu’il aimerait écrire et finir un roman… C’est moi qui lui ai proposé d’expérimenter gratuitement (pour commencer) les pratiques narratives…  avec lui comme narrateur et moi comme praticien…

Après quelques jours de réflexion, A m’a donné son accord.

 

Première conversation. 

Nous voilà assis en face l’un de l’autre le 4 novembre 2016  pour une première conversation.

Depuis 30 ans, il écrit  un journal  qui selon lui n’est pas de la création littéraire. Il dit avoir plusieurs romans en chantier.

Et pourtant, il est « empêché » et ne parvient pas à terminer : ‘Toujours des départs et pas d’arrivée »…

Il dit : « Et pourtant, je connais la méthode… il faut de l’autodiscipline pour devenir « un travailleur de l’écrit »… j’ai du mal à m’y mettre… je suis inhibé par la mise en forme littéraire ».

Pour lui, l’écrit – à la différence de l’oral, un exercice où il brille – représente un effort difficile et potentiellement déceptif. Il est traversé par le doute.

 

Je lui demande de décrire les freins qui l’empêchent de mener à bien son roman et le détourne de la création littéraire qu’il appelle de ses voeux.

Sans grandes difficultés, il liste ses différentes « fausses bonnes » excuses :

– Le sport et la jouissance qu’il entraîne avec sa dose d’endorphine.

– La séduction : le besoin de plaire…

– Les questions sur sa légitimité : son origine modeste ( j’apprendrai tout de même que sa mère était prof), sa vive admiration des grands morts ; avec au premier rang, Blaise Pascal dont il partage le goût pour l’analyse psychologique consistant à penser que l’individu serait essentiellement gouverné (aveuglé ?) par la vanité (reproche implicite fait-à lui-même ?).

– Le doute sur son talent : et pourtant il a reçu très tôt nombre d’encouragements et de jugements favorables de personnes légitimes à ses yeux (une sommité prof d’université, un copain normalien littéraire accompli).

– Le contenu  : que vais-je bien pouvoir raconter d’intéressant  ? Il dit : « Tous mes sujets sont autobiographiques, j’ai un rapport passionnel avec mon passé, depuis que je suis petit, j’ai la hantise de la perte… »

 

En fin de conversation, nous nous mettons d’accord sur le cadre de notre travail : la durée des conversations (environ 1 heure), leur fréquence (1 fois par semaine) et leur nombre (5 pour commencer ).

Je lui demande de préciser son objectif .  Je le préviens que nous allons dans un premier temps décrire les freins à sa création pour essayer de les lever avant de nous intéresser au contenu du roman.

Il veut écrire un roman « générationnel » dont le sujet est un voyage effectué en 1977 à travers l’Europe, seul et avec des amis.

Ses thèmes : Amitié, amour, abandon, aguerrissement… Ses lieux : LH (au début du livre), les voyages en train, la Méditerranée, la Grèce/rapport à l’hédonisme…

Il a déjà commencé ce roman (près de 60 pages ?) qui se voudrait naturaliste (pour la reconstitution de la fin des années 1970) mais qui témoignerait de son rapport ambigu avec l’héritage de mai 1968.

Il parle de son roman avec passion et me dira en fin de conversation que c’est le moment qu’il a le plus apprécié dans notre échange…

 

Je le questionne ensuite sur la forme littéraire envisagée. Ce sera un roman écrit à la première personne du singulier et au temps présent à travers le regard de K, le narrateur.

Je lui demande de nommer le problème qui freine son écriture… A fait plusieurs tentatives avant de choisir « Dérobade » : vis-à-vis de lui-même et du don donné par Dieu que serait son goût pour l’esthétique des récits.

Poursuivant le déroulé d’une des cartes des pratiques narratives, je lui demande de cartographier les effets du problème. Pas de retombées négatives sur sa vie professionnelle  (il est professeur de littérature)… Sur sa vie personnelle, il mentionne ‘la sensation d’un manque très prégnant, la culpabilité et la peur de décevoir certains proches »…

 

La conversation arrive à son terme… je me détends et par contraste sens bien à quel point j’étais contracté pour cette première, assez accaparé par les notes à lire ( les cartes des pratiques narratives) et à prendre, l’heure à surveiller pour tenir la conversation dans le temps imparti et se garder un moment de « feedback » pour la fin.

J’ai repéré pas mal d’échos avec ma propre situation et mes propres freins par rapport à la création littéraire. Je sens bien qu’il faudra me garder de projeter et veillez à respecter son rythme.

J’ai été un peu décontenancé par le cadre souhaité par A : pas plus d’une heure d’entretien, 5 séances (ce qui m’a paru peu). J’ai accepté sans chercher à négocier. Accepté (et plutôt flatté) aussi de sa volonté de se revoir dès le lundi suivant en dépit de la fréquence fixée (par lui) à une semaine…

La suite ? lors de la prochaine séance, j’ai envie  de commencer à identifier des moments d’exception… là où les freins ont un peu lâchés leur emprise..

De lui faire raconter une histoire agréable en lien avec la création littéraire. Et plus tard de revenir sur des personnages influents l’ayant encouragé dans son écriture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bon docteur Sauvy :-)

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Pourquoi cette reprise d’écriture après ce si long silence… l’envie de créer un blog pour accompagner l’apprentissage du métier de « praticien narratif »…

J’ai eu cette idée avant l’été à l’occasion d’une rencontre d’une coach narrative qui a accepté de me servir de « superviseur ». Grâce à elle, j’ai pu facilement identifier la formation dt elle est elle même issue et qui m’a permis  de me donner le cadre conceptuel pour pouvoir rapidement me lancer dans une pratique avec des « cobayes » amis dans un premier temps.

Le projet fait sens puisqu’il est à la croisée de plusieurs chemins empruntés dans ma vie : l’analyse bien sûr (plus de 20 ans de divan), les groupes de paroles et les relations d’aide à l’oeuvre au sein des différentes « fraternités » fréquentées et les différentes formes d’écriture auxquelles je me suis intéressé : journal, roman, nouvelle, scénario, web-portrait, web-séries et Séries TV, etc…  il faut sûrement y ajouter la pratique courante de journaliste/rédacteur qui a le mérite de continuer à m’exercer au maniement des mots et de continuer à faire des gammes.

Après la tentative avortée (refus de financement) de formation d’art thérapie il y a quelques années, le fruit est désormais mûr, les planètes alignées pour que je me lance dans cette nouvelle aventure qui va de pair avec mon récent changement de vie !!!

Notes de lecture (sur les pratiques narratives)

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« S’embarquer dans une conversation thérapeutique, c’est comme s’embarquer sans carte pour un voyage vers une nouvelle destination »

 

 Cartes des pratiques narratives – Michael White

 Préface 

Les conversations thérapeutiques favorisées par l’entretien narratif permettent au sujet (dans un mode coopératif) de redevenir auteur d’une histoire dans laquelle ses expériences sont en relation avec ses préférences.

Objectifs : étayer les traces dune « histoire préférée »/mettre à jour des alternatives au récit dominant et invalidant.

Les cartes : des instruments de navigation pour construire des séquences narratives organisées.

 

Introduction 

« Je sais que nous allons entreprendre un périple jusqu’à une destination qui reste à définir en suivant une route que l’on ne peut déterminer à l’avance ».

« Trouver de nouveaux territoires (d’expression), de nouvelles façons de comprendre les évènements de sa vie ».

Conversations externalisantes

Antidote aux interprétations internes.

Opérer la distinction entre identité de la personne et le problème : « le problème est le problème, ce n’est pas la personne (la personne n’est pas le problème).

Déconstruire les conclusions identitaires négatives

Importance des mots et métaphores définissant le problème et son influence sur la vie des gens.

Rendre tangible l’intangible grâce à la représentation (langage, dessin)

 

Méthodologie

– Négocier une définition du problème

– Cartographier les effets du problème

– Évaluer les effets du problème

– Justifier l’évaluation

 

Conversations pour redevenir auteur

Proposer d’élaborer une histoire alternative fournissant une base pour prendre de nouvelles initiatives.

C’est la structure de la narration qui fournit le principal cadre d’intelligibilité des actes de création de sens dans nos vies.

Suggestion : Pour enrichir l’histoire personnelle, attirer l’attention vers les blancs de l’intrigue en exerçant l’imagination.

 

Conversation de re-groupement

Club de vie : personnages signifiants (réels ou non) du passé/présent/futur qui comptent pour la personne.

Les conversations permettent de remanier la liste des membres : honorer certains, en révoquer d’autres.

 

Cérémonies définitionnelles

Récit de vie devant un auditoire choisi.

 

Conversations en échafaudage

Construire l’échafaudage pour progresser par étapes, quitter la zone de ce quoi est connu pour celle de ce qui est possible.

Développer les initiatives personnelles, les actions responsables

Suggestion

Demander régulièrement des feedbacks sur ce qui marche ou pas en fin de conversation.

 

Les moyens narratifs au service de la thérapie – Michael White/David Epson

 1 – Le langage nous soumet tous aux «  contrôles sociaux »

« L’histoire particulière qui domine nos vies détermine en grande partie la nature de notre expérience de vie et l’enchaînement de nos actions ».

L’écriture facilite la traduction de l’expérience de vie et l’inscrit dans une dimension temporelle.

Avec l’écriture, nous sommes à la fois acteur et public de notre propre représentation.

 

 Qu’est-ce que l’approche narrative ? Alice Morgan

 Introduction

« Une nouvelle façon éthique et politique d’aborder la relation d’aide basée sur le respect et le non jugement défendant l’idée que les gens sont experts de leur propre vie ».

« Chacun possède les talents, les compétences, les valeurs pour réduire l’influence des problèmes sur nos vies ».

Deux principes (pour le praticien) :

– Curiosité à toute épreuve

– Poser des questions dont on ne connaît pas les réponses.

« La bonne route n’existe pas ; il y a seulement des tas de direction possibles ».

 

Vivre et interpréter la vie à travers des histoires

Une histoire : un fil qui tisse les évènements entre eux pour former un récit.

« Les significations que je donne aux évènements (l’écoute passive que j’ai de l’histoire dominante) fondent et façonnent ma vie future ».

Mes interprétations sont influencées par les récits culturels de nos sociétés.

Les histoires dans le contexte thérapeutique

– Donner de la visibilité aux moments où la personne a échappé aux effets du problème (moments d’exception absents de l’histoire dominante)

– Nécessité d’explorer les histoires alternatives pour ouvrir un espace de changement. Besoin que ces histoires alternatives soient produites par les personnes elle-même (principe des conversations collaboratives).

 

Les conversations externalisantes : donner un nom au problème

Les conversations externalisantes permettent de modifier l’histoire dominante saturée par le problème. Cela permet de déplacer le problème de l’intérieur vers l’extérieur de la personne.

Au lieu de : « je suis dépressif, je n’ai aucune envie », « la dépression vous empêche d’avoir envie ».

Suggestion : imaginer le problème comme une personne assise quelque part dans la pièce. Donner un nom au problème (ou le faire dessiner pour les enfants).

 

Méthodologie

– Donner une identité au problème (à la manière de la construction d’un personnage) : intentions, ruses, croyances, objectifs, etc…

– Étudier la relation actuelle entre la personne et le problème.

– Inviter à décrire ensuite la relation souhaitée (renégociation de la relation)

– Retracer les archives de l’histoire du problème pour évaluer le degré d’influence du problème sur la vie de la personne (qui, quoi, où, comment).

Suggestion : restituer le problème dans le temps pour montrer que son influence fluctue (système de notation de 0 à 10) à différentes périodes de la vie.

– Déterminer les moments de vie (moments d’exception) où la personne résiste au problème. S’appuyer sur ces ressources pour faire émerger des histoires alternatives.

– Explorer les effets du problème ; lister et faire évaluer

 

Contextualiser et déconstruire les problèmes 

– Travailler à identifier et déconstruire les croyances, théories et pratiques culturelles du contexte de la personne (idées reçues, vérités toutes faites, lieux communs…).

– Montrer comment les idées « normatives » peuvent avoir une influence et générer de la tension (culpabilité).

– Chercher d’où viennent nos représentations.

– Défier les a-priori.

– Prendre du recul, changer de point de vue.

 

Les moments d’exception

– Être à l’écoute des moments où le problème n’est pas aussi influent

Les « pépites » : expériences de vie contrastant avec l’histoire dominante qui peuvent se situer dans le passé/présent/futur. Elles sont la porte d’entrée des histoires alternatives.

Suggestions 

– S’assurer que la personne considère ce moment comme significatif. Ne pas valoriser le positif de manière volontariste.

– Guetter le langage corporel pendant la séance pour repérer l’évocation de moments d’exception.

 

Retracer le sens de ces moments d’exception et donner un nom à l’histoire alternative.

Objectifs : les enraciner solidement, les relier, élaborer un thème narratif, co-écrire une nouvelle histoire.

 Faire préciser le « paysage de l’action » (l’environnement ayant permis l’exception)… où, quand, comment…?

Réfléchir ensemble au sens qu’on peut donner… La personne choisit un nom pour baptiser l’histoire alternative émergente. Cela définit un cadre/thème pour les conversations futures.

 

Les lettres narratives

Lettres récapitulatives : résumé des conversations ayant eu lieu.

Reprendre le ton et les expressions de la personne.

Y inclure des questions pouvant être reprises lors des prochaines séances.

Qui suis-je ? (Achhhhhhhhhh) euh… Bienvenue à vous amis lecteurs !

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Allez, allez… on respire.. Qui suis-je ?

Facile… suffit de rechercher une sorte de résumé dans un dossier pas trop ancien d’un projet de web-série et voilà hop, un premier coupé-collé…

Olivier SAUVY

Journaliste freelance senior pour la presse professionnelle, je collabore régulièrement pour de nombreux magazines et notamment dans le domaine audiovisuel pour l’Ina. A ce titre, j’ai réalisé quantité de portraits et d’interviews notamment une série pour Audi Magazine. Dans le domaine du film documentaire, j’ai réalisé l’enquête journalistique du documentaire « Prisons, histoire d’une faillite » diffusé en janvier 2010 sur France 5, réalisé par Philippe Pichon. J’ai par ailleurs élaboré plusieurs propositions éditoriales de programmes transmédias dont certains s’articulent autour de mon projet de « web-portraits », un concept dont je suis l’auteur dont j’ai déposé la marque en 2009 et tourné un pilote en 2010. J’ai depuis développé plusieurs projets pour des structures de productions web et audiovisuelles.

Et puis un autre… 🙂

Chronologie « artistique »

 1971/1974 : Manager de groupes de musiciens.

1974/1975 : Expériences théâtrales au Portugal pour des spectacles pour enfant avec Isabelle Soto (ex Magic Circus)

1976/1977 : Happening de rues avec Dominique Morin (demi- frère de Patrick Dewaere)

1982/1984 : Journaliste photographe freelance à New-York spécialisé dans la musique latino-américaine.

1990/1996 : Co-écriture de romans pour la jeunesse avec Jean Sauvy publiés chez Casterman (dans la collection Aventures à construire) et chez l’Harmattan.

2001/2002 : Formation à l’écriture de scénario à Aleph Ecritures.

2002/2005 : Création et animation d’un atelier « clandestin » de scénarios (sans supervision). Co-écriture de différents scénarios.

2005/2008 : « Script Doctor » pour plusieurs projets artistiques (Fred Benoît/photographe, Leo Koukissa/peintre, Valentine Cohen et Damien Faure/réalisateurs)

 

Rien d’autre ?

Si, si… mon CV book de journaliste freelance senior !

CV OS 2016 (cliquer sur le nom pour ouvrir le pdf)

A suivre…

 

 

 

 

 

 

 

Lettre à moi-même…

Egocentrique moi  ? Non pourquoi ?

Allez, allez…  Contextualisons !

Je reproduis ci-dessous cette lettre à moi-même  écrite il y a au moins trois ans pour solliciter une formation en art-thérapie.

Las,  je n’avais pas réussi à trouver le financement institutionnel… Et le projet n’avait donc pas abouti… Du moins, sous la forme envisagée…

 

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Auto-interview

 L’autre : Merci de me recevoir. Je sais que ce n’est jamais un exercice facile que de livrer son intimité à un étranger fut-il un autre vous-même… Venons–nous en à toi (je me permets de te tutoyer) et à ton intérêt pour l’Art-Thérapie. Pour commencer, y’a-t-il eu un élément déclencheur ?

Moi : Un ou plusieurs plutôt… Peut-être faudrait-il plutôt parler de faisceau (au sens de la présomption) ou de conjonctions favorables (au sens des ajustements de planètes). Il s’agirait plutôt d’un sentiment diffus qui peu à peu gagne en vous et vous fait croire que le moment est venu d’ouvrir un nouveau temps de vie. Mais s’il faut absolument trouver quelque chose de plus précis… alors oui… peut-être (il réfléchit)… ce serait peut-être le jour où j’ai animé pour la première fois un petit atelier d’écriture avec des enfants en long séjour à l’Hôpital Robert Debré. Depuis deux ans je faisais partie d’une équipe de bénévoles qui s’occupait de « TV Robert » et proposait une émission mensuelle retransmettant en live un concert donné par des artistes musiciens dans un petit studio d’enregistrement interne à l’hôpital et retransmis dans les chambres. Pendant deux ans (2006/2007), j’avais tenu la chronique (textes et photos) de ces moments souvent forts où certaines stars de la chanson française venaient jouer gratuitement pour ces enfants malades. M’était alors venue l’idée de faire participer les enfants qui le désiraient à cette chronique et de les guider dans l’élaboration d’un petit document rendant compte du concert auquel ils avaient assisté. Assez intimidé, je m’étais ainsi retrouvé l’espace de quelques séances avec un petit groupe d’enfants à animer ce petit atelier d’écriture largement improvisé.

L’autre : Et comment s’est passé cette première expérience ?

Moi : Bien… Je me suis senti bien… Curieusement « à ma place », à cet endroit de contact avec les autres mais aussi avec cet autre-moi-même (peut-être toi ?… sourire…), cet autre qui se révèle presque « hors de moi », presqu’à mon « corps défendant ». Celui qui, en temps réel, trouve des ressources insoupçonnées (énergie, pensées et mots) comme venues d’ailleurs… Avec ce sentiment tout à fait exaltant et dont parle souvent les artistes – les musiciens notamment – d’être devenu un passeur. Avec sa force presque naïve, ce moment de grâce et de transcendance a t-il planté en moi un graine qui aurait mis quelques années à germer, à mûrir puis à vouloir s’épanouir ? C’est une des hypothèses…

L’autre : Que peut t’apporter ce contact « constructif » avec les autres (et je ne parle pas de moi cette fois) ?

Moi : Au cours de la décennie écoulée, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’aider des amis. Soit dans une écoute simple soit – et c’est là où va ma préférence – pour contribuer à lever certains blocages éprouvés dans leur processus créatif. J’ai ainsi accompagné un ami très proche à monter sa première exposition photographique sur le thème des « Pieds du monde » (Biennale de Nancy 2005). J’ai également aidé un autre ami peintre à structurer son exposition « Blow-up » interrogeant les interfaces entre le réel et la fiction. Je concluais le texte que j’avais écrit pour présenter l’exposition en invitant le spectateur à « exercer son regard pour trouver sa propre vérité ». Je me suis par ailleurs retrouvé à plusieurs reprises en position de « Script-Doctor » pour aider d’autres amis auteurs-réalisateurs ou scénariste à développer ou finaliser leurs scénarios… Pour information, il faut peut-être préciser aussi que j’ai été impliqué dans l’association des artistes anonymes (2002/2004) dont les membres avaient pour point commun d’être des « dépendants » sevrés (alcool, drogues, etc.) peinant dans leur expression artistique. Groupes de paroles, plans d’action, travail en binôme… Cette pratique informelle m’a donné le « goût des autres » et permis d’apprécier la puissance constructive de ces échanges.

L’autre : Tu parlais de faisceau et de conjonctions favorables pouvant expliquer ton désir de devenir art-thérapeute ?

Moi : Me revient un souvenir… Jeune adolescent, j’avais accompagné mon père qui animait un stage au Nord de Rome. Pour apprendre aux stagiaires à améliorer leur perception de l’espace et mieux écouter leurs sensations, il avait décidé de les emmener de nuit à la découverte d’un village… Je me souviens précisément du puissant sentiment de liberté éprouvé cette nuit-là. Qu’en est-il aussi de l’héritage de ma mère qui a longtemps œuvré dans les années 1960/1970 à l’école Decroly où elle travaillait avec les enseignants à élaborer une pédagogie novatrice qui trouvait un prolongement dans une revue dont elle était la rédactrice en chef.… Il faudrait aussi parler de l’écriture, de mon écriture… Et remonter le temps pour trouver trace vers 14/15 ans de mon goût prononcé pour la littérature et la philosophie qui n’aura pas (bienheureux malheur ?) trouver de prolongement dans un cursus scolaire. Il faudrait alors à nouveau convoquer la figure tutélaire de mon père, écrivain prolifique (plus de 20 livres, record en cours) et de ma difficulté à sortir de son ombre pour trouver la voie (la voix) de ma propre écriture (de ma propre vie). Peut-être faudrait-il aussi parler de la rencontre avec ma femme en 1998 faite autour de l’écriture (décidément !), de mon admiration à la voir s’astreindre à sa discipline d’écrivaine. Auprès d’elle, je continue à jouer un rôle discret de soutien et de « directeur littéraire » bienveillant !

L’autre : Qu’en est-il de ta propre pratique « d’écrivant » ?

Je suis journaliste/rédacteur freelance depuis plus d’une vingtaine d’années essentiellement pour la presse professionnelle. Je suis aujourd’hui considéré comme une « bonne plume » et apprécié pour ma polyvalence. S’agit-il pour autant d’écriture au sens noble du terme ? La réponse est contenue dans la question. Depuis l’âge de 25 ans, je me suis confronté à différents genres d’écriture : la tenue d’un journal intime pendant de longues années, l’écriture de romans d’aventures jeunesse co-écrits avec mon père dans les années 1990 ayant donné lieu à plusieurs publications (Casterman, L’Harmattan), l’écriture de scénarios, une pratique étudiée en 2001/2002 à Aleph (Paris) et poursuivie par des ateliers clandestins » (sans supervision) montés à mon initiative avec plusieurs « apprentis scénaristes ». Sitcom, court-métrage, long-métrage… J’ai exploré différents genres sans pour autant connaître le succès. J’ai par ailleurs écrit pour « Synopsis », un magazine éphémère (2002/2003) dédié à l’écriture scénaristique. Parmi toutes ces collaborations, j’ai envie d’évoquer le « Roi Perdu » (2003) un scénario de long-métrage co-écrit avec un ami aujourd’hui président de l’Association Henri Langlois dont je suis adhérent. J’ai sous les yeux la note d’intention de ce projet… En voici un court extrait : « Ayant traversé de « multiples épreuves », le « Roi Perdu », renaîtra à lui-même retrouvant alors le chemin de son alignement intérieur. Et pourtant, tout reste à accomplir… » (rires). Ce thème de la connaissance de soi et des épreuves est au cœur d’un programme multimédia pour le web en cours de développement. Structuré autour de six web-portraits de personnalités atypiques, ce projet est provisoirement intitulé « Histoire(s) de vie ». Voici un extrait de la note d’intention : « Enrichis de l’expérience des autres, ce programme participatif vous propose un voyage vers l’intime à la rencontre de vous-même ». (sourires). Faut-il voir dans ces différents exemples des passerelles avec mon désir de devenir d’art-thérapeute ?

L’autre : Qu’en est-il de ta propre pratique « artistique » ?

Moi : Je ne me suis jamais considéré comme un artiste. Tout au plus comme un créatif. En marge de mes activités « alimentaires », je développe comme auteur-réalisateur plusieurs projets multimédia, un autre type d’écriture qui me stimule et m’ouvre un champs créatif tout à fait impressionnant. J’ai également « monté » l’atelier CCC (Création Créative Contemporaine (sic)) avec des amis sur un principe simple… On se réunit autour d’un repas chez les uns et les autres pour échanger et « brainstormer » sur nos projets créatifs ! Aujourd’hui, j’ai envie de professionnaliser cette pratique, de lui donner un nouvel élan. A ce stade d’intimité, peut-être convient-il de faire le lien avec mes nombreuses années passées sur le divan dont j’ai la coquetterie de perdre le décompte. Mon désir d’art-thérapie participe-t-il de la liberté conquise durant cette longue cure analytique (freudienne) encore inachevée ?

L’autre : Comment vas-tu aujourd’hui ?

Moi : (Rires puis long silence…). Je revoyais le chemin parcouru… La construction de ma vie familiale, le voyage avec ma femme au Kazakhstan en 2004 où nous avons adopté notre fille adoptive, mon père dont nous allons fêter dimanche ses 96 ans avec sa fiancée, une jeunesse de 70 ans !… Oui, aujourd’hui, j’éprouve de la gratitude et une forte envie de partage.

L’autre : Comment te vois-tu dans 10 ans ?

Moi : Contrairement à l’idée reçue très prégnante dans notre société « marketée » assimilant bien souvent les individus à des produits jetables (Aie, j’ai 57 ans, je fais du tennis deux à trois fois par semaine et je vous em… !), je considère encore que j’ai le temps devant moi et pas seulement pour un compte à rebours. Suffisamment en tout cas (si Dieu veut) pour me former à l’art-thérapie et préparer sereinement l’avenir. Je me verrai bien plus tard (dans 5, 10 ans ?) exercer hors-Paris dans un lieu collectif de production culturelle et artistique. L’expérience de la vie aidant, je compte bien que cette projection imaginaire me serve de fil d’Ariane pour passer du rêve à la réalité.

L’autre : Pour conclure, peux-tu me parler de ton projet de formation en art-thérapie ?

Moi : Il est encore beaucoup trop tôt. La logique voudrait que je m’appuie sur mon expérience et mes savoir-faire. Ma médiation pourrait donc s’articuler autour de plusieurs médias (écriture, vidéo, design sonore, photographie) mais je veux garder l’esprit et les sens grands ouverts pour laisser émerger d’autres formes si elles se présentent à moi au cours du travail de formation. J’ai déjà quelques idées bien sûr y compris en terme de « publics cibles » ; j’envisagerais volontiers d’acquérir une pratique incluant un volet « thérapeutique » pour des gens qui cherchent à surmonter une épreuve et un volet « coaching » pour des individus éprouvant des difficultés dans l’expression de leur créativité.

L’autre : Penses-tu avoir les pré-requis pour te lancer dans un tel parcours d’apprentissage ?

Moi : Ce n’est pas à moi de le dire (sourire). Oui et non… Tu es bien placé pour savoir à quel point je suis ambivalent et parfois double ! Je sais en tout cas que plus qu’un choix de raison, il s’agit d’un choix de vie. Le temps est venu de me rapprocher au plus près de mes aspirations profondes et de donner plus de sens à ma vie avec du partage et de la transmission. Mais tu le sais, aider l’autre est aussi un acte d’égoïsme…

Moi : Comment t’es-tu senti pendant notre entretien ?

L’autre : Ne renverse-pas les rôles. L’autre c’est (encore) moi (rires) !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le passeur (spéciale dédicace à Serge Daney)

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« Je sais que nous allons entreprendre un périple jusqu’à une destination qui reste à définir en suivant une route que l’on ne peut déterminer à l’avance ».

(Michael White)

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne chanteront que la gloire du chasseur »

(Proverbe sénégalais)

Un court texte… une petite digression personnelle…

– J’aime les mots à doubles entrées… Les jeux de mots et les lapsus me semblent toujours savoureux. Dans les scénarios, j’aime le plaisir procuré par les fausses pistes, les mises en abîme. J’aime les blancs de l’intrigue permises par les ellipses, j’aime les fins ouvertes. Dans les films, j’aime les personnages ambigus et trouve que les happy-end (des films pour adultes) sanctifient souvent la peur du changement. En écriture, je raffole dangereusement des points de suspensions…  J’ai aussi abondement recours aux guillemets pour contextualiser un mot et souligner son caractère incertain !

De manière plus générale, j’affectionne tous jeux conceptuels mettant en évidence l’envers et l’endroit de la même médaille ; Oui, nous avons le droit de penser tout et son contraire au même moment, merci à Edgar Morin et à son concept de dialogique !

J’aime l’approche orientale du yin et yang qui parcoure cette culture, j’aime l’idée des antagonismes complémentaires. J’aime l’idée d’inclusion, de la non-exclusion de termes contradictoires. J’ai envie de paradoxes et de complexité… J’aime la lumière entre chien et loup là où il se passe quelque chose d’impalpable, les entre-deux eaux et les moments de doute. Aux réponses, je préfère les questions…

 

 

 

Formation aux pratiques narratives

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7 janvier 2017…

Ah le chiffre 7 et sa fascination mystérieuse… Les 7 jours de la semaine, les 7 péchés capitaux, les 7 samouraïs, les 7 nains, etc… 🙂

Bon, je suis en attente de ma carte de voeux faite par S avec le titre de ce billet comme texte…

Oui , une année pleine d’histoire(s)… La grande histoire : Trump, les présidentielles en France, ce genre de choses…

Nos petites histoires… les vôtres, les nôtres, les miennes, la sienne…

Alors, alors… hum, hum…

Où en étions nous ? dans quelle étagère ?

Je viens de travailler ces quelques derniers jours sur un projet de contribution à une Master Class qui devrait être organisée en 2017 par mes formateurs aux pratiques narratives…

Le sujet  ? les liens entre les pratiques narratives et les mécanismes du récit (la dramaturgie)

Une formation passionnante suivie lors du dernier trimestre 2016.

Allez, bon garçon, je vais faire oeuvre de documentariste et je vais intégrer ci-dessous quelques notes prises lors des différentes modules de formation…

 

« Les pratiques narratives appliquées »

Isabelle LAPLANTE et Nicolas DE BEER- IFOD – Octobre 2016

Préambule

Les pratiques narratives c’est d’abord écouter et oser démultiplier la puissance du « culot ».

La progression

Espoirs – engagements – actions

Conseils

– Comment avoir des idées nouvelles ? En se laissant porter par ce que l’on entend.

– Ce qui est précieux constitue l’identité narrative

– Pratiquer la différence plus que la similitude

Objectifs

– Découvrir des idées et des pratiques

– Se doter d’un guide d’entretien

– S’approprier les questionnements de référence

– Pratiquer les techniques d’entretien

– Conduire des entretiens complexes

 Généralités/Définitions

– Les clients sont les narrateurs 

« Ce sont les personnes qui font de nous des personnes »

(Desmond Tutu)

 Conseils 

– Reprendre les mots de la personne pour poser les questions.

Posture 

– Position de perplexité – écoute attentive (l’autre me passionne)

– Non savoir et perplexité : c’est le client (le narrateur) qui sait !

 

Débrief en groupe

– Attention au temps : le récit invente le temps présent. Le présent c’est ce qui ne s’est jamais encore présenté.

– Ce n’est pas tant l’histoire qui est importante que l’émergence d’une plateforme nouvelle pour servir de tremplin vers la nouvelle histoire.

– Pour le client être auditeur de son propre récit ouvre vers de nouvelles questions.

– Qui est l’auteur de ce qui se dit (influence parentale, sociétale…) ?

– Les mots ne sont pas le reflet de la réalité mais la production d’un consensus social

 

Généralités/Définitions

– La vie est une production littéraire qui obéit aux exigences rudimentaires d’une histoire : début/intrigue/fin

– Sélectionner des épisodes (moments d’exception ?) pour les mettre en intrigue et raconter une nouvelle histoire.

– Les gens façonnent leur identité à partir des histoires qu’ils se racontent.

– Le discours que nous émettons fabrique notre cohérence.

– L’identité est multiple et varie suivant les interlocuteurs.

– C’est en interaction que je construis le monde

– Il est possible d’expérimenter une pluralité de sens à partir de la même histoire

– Il est possible de mettre à jour les ambiguïtés (et de les accepter).

 

Débrief visionnage vidéo de Paul Ricoeur

– Possibilité d’aller rechercher des évènements ayant eu lieu mais passés sous silence.

– Débusquer des poussières d’évènements et les relier en une nouvelle unité : histoire alternative, fabrication d’un autre thème…

 

Thème de l’après-midi : les témoins (Entendre une autre musique)

 La cérémonie définitionnelle

– Redéfinition de soi devant un auditoire (Rituel de revalorisation).

Processus 

– Une personne assiste aux entretiens (captation de l’émergent) et partage son expérience. Renvoyant dans cette re-narration l’identité de la personne avec les mots prononcés par lui-même.

 

Débrief Exercice (P 14) – Se mettre dans la peau de quelqu’un qui a donné de la reconnaissance.

– L’identité n’est pas donnée… Elle est constituée !

– Ce que cette personne a été capable de manifester à mon égard (figure de soutien), je peux le mettre en œuvre moi-même…

Conseils 

– Pas de contacts oculaires entre le narrateur et le témoin.

– Le témoin doit penser à demeurer soutenant. Son témoignage permet d’étoffer l’enrichissement d’une histoire alternative.

– Le praticien doit ramener le témoin dans le protocole si nécessaire.

 

Généralités

Conception analytique/interprétative = introspection

Conception littéraire = externalisation, augmenter la capacité à agir

 

2ème jour – Mardi 4 octobre 2016

« Tout n’est pas écrit d’avance »

(OS)

 

Temps de cadre ouvert/Questions

Auteur = narrateur = celui qui a autorité sur le texte.

« Il n’y a pas nécessité à souffrir en séance »

Le praticien doit pratiquer une double écoute : explicite + implicite

 

Le concept d’échafaudage 

– Apprendre, c’est passer du connu et familier vers une zone inconnue « ce qu’il est possible de savoir et de connaître »

– L’apprentissage se fait sur le principe de l’échafaudage, un chemin progressif, pas à pas, de proche en proche.

– Aptitude d’aller au-delà (à condition d’âtre accompagné ds l’apprentissage)

 

Le paysage narratif

Démonter, défaire, déconstruire une histoire dominante qui empêche de voir le reste du paysage. La voix de l’histoire dominante empêche les autres d’être audibles.

Objectif ? Construire un paysage plus vaste…

 

Externalisation

« Les individus veulent voir le problème en dehors d’eux »

Objectif ? Séparer l’identité du problème.

 

Pause déjeuner

Histoires préférées (alternatives) : celles qui reposent sur des valeurs individuelles fortes.

Posture du praticien : enquêteur (d’investigation), espion, maraudeur… Son objectif ? Éclaircir le mystère…

 

Exercice (en 4 étapes)

– Faire émerger le contexte par la description (au plus proche de l’expérience) – Le problème est traité à la manière d’un personnage de fiction qui est ensuite nommé (OK pour un nom composé)

– Décrire les effets du problème

– Évaluer les effets du problème

– Justifier – chercher les fines traces des valeurs fortes et personnelles puis raconter une histoire illustrant ces valeurs.

Débrief/Conseils

– Ajouter de la validation et vérifier «  êtes-vous satisfait par… ? »

– Accompagner la personne vers l’histoire préférée.

– Retourner à la description en cas d’absence de trace de valeurs.

– Faire le tri entre ce qui va bien/pas bien pour soutenir l’histoire.

La prise de notes

– Pas aux dépens de la qualité de la relation (de l’écoute)

– Garder les traces exactes des mots employés et soutenants.

Généralités

La démarche de pratiques narratives en coaching se fait en moins de 10 séances. Il ne s’agit pas de résoudre le problème, de chercher son origine (démarche intra-psychique) mais plutôt de le dissoudre.

 3ème jour – Mercredi 5 octobre

 Cadre ouvert/Questions

L’entreprise comme modèle normatif (question OS)

Réponse : garder son autonomie au sein de l’entreprise, accepter l’ambiguïté

Attitude (éthique) du coach : Suis-je en position de soutien (de la nouvelle histoire) ?

 

Débrief exercice/Conseils

– Pas d’expressions trop généralistes pour qualifier et décrire le problème.

– Négocier la définition au plus près de l’expérience vécue ; chercher le spécifique, la particularité.

– Traîner, roder, marauder autour de la description du problème…

 

Posture du praticien /Conseils

– Écouter le client et utiliser ses mots et ses métaphores.

– Posture décentrée et influente – vivifiante pour le praticien

– Ne pas faire : d’interprétation, de recadrage, d’applaudissement, de pointer les points positifs, donner son opinion, etc…

Le rôle du praticien

– Identifier les fines traces d’une histoire différente en sorte qu’elle soit (re)connue et enrichie.

– Exercer son influence sans contrôler la relation

– Guider l’avancement pas à pas.

Débrief exercice post jeu de rôle sur la perfection

– Attitude éthique du praticien : capable de ne pas être complice du pouvoir moderne en déconstruisant les histoires dominantes.

– Bénéfice client : Gagner en possibilité de dire non, de poser des limites et de se construire en autonomie.

Pause déjeuner

Généralités

– La plainte (je n’ai pas le droit, je me sens obligé de…) est souvent le résultat d’une pression socio-politique (pouvoir moderne). Dans cette société du regard, on s’épie, on se surveille…

 

Débrief visionnage vidéo Michael White (en séance)

– Revenir avec d’autres questions pour obtenir une description plus proche de l’expérience vécue.

– Valoriser le client : « Je me suis demandé si tu avais eu de nouvelles idées depuis que nous nous sommes vus ». « Est-ce que je peux écrire cela » ? « Peux-tu répéter » ? ; « Maintenant tu es capable de… ». « Est-ce que je peux te poser d’autres questions parce que je suis très intéressé par… » ? « Est-ce que tu te pensais capable de ? »

Debrief posture MW

– Posture (en arrière)… Prise de note à voix haute (souligne ce qui soutient)

– MW a choisi une ligne éditoriale pour conduire son entretien (le fil qui soutient le narrateur). Il choisit et trie les éléments de soutien à l’histoire alternative.

– Il remet en permanence le narrateur en position d’auteur.

– Il est dans une approbation permanente (yeah, yeah…) en employant le ton de la découverte (l’autre me passionne).

– Il demande la permission de noter, de continuer à poser des questions…

– Pas à pas, il accompagne son patient et l’encourage à monter l’échafaudage narratif.

Généralités/Conseils

– Nommer le problème ouvre la voie pour construire une histoire alternative.

– Nommer le thème alternatif permet aux gens de faire le tri dans les événements de leur vie. Cela permet d’extraire des évènements oubliés et de leur redonner une place pour exister. La personne peut alors donner du sens à ces éléments ; Et, au fur et à mesure, penser pouvoir le faire dans sa vie future.

Pause/reprise

 Moments d’exception 

– Des traces parfois invisibles que doit débusquer le praticien pour développer une riche et nouvelle histoire.

– Ce sont des signes fragiles qui dessinent une contre-intrigue et méritent d’être soutenus et soulignés.

Debrief exercice/conseils

– Un moment d’exception en appelle un autre (passé/futur)

– Donne envie de relier, de consolider et donne de l’appétit de vie (projection ds le futur)

– Avancer par petits pas augure de grandes réussites.

– Posture décentrée du praticien : une influence toujours en soutien du client.

 

4 ème jour – Jeudi 6 octobre

 « Être capable de mettre en doute ses propres affirmations »

Carlo Reveli

 Cadre ouvert/questions

– Obtenir une description précise de l’expérience du problème est capital.

– Nécessité d’un entretien préalable avant de faire intervenir les témoins.

– Remettre de l’intégrité ds la relation en cas de dissimulation, de stratégie : « Comment pouvons-nous avoir une relation plus intègre pour atteindre votre objectif » ?

 

Le concept d’identité narrative

Généralités/conseils

– Attention au monde ambiant qui cultive ses propres croyances et use et abuse de métaphores partagées « piégantes » valant « vérité ».

– La définition de la folie varie selon les sociétés et leurs normes spécifiques.

– Il y a nécessité de mettre à jour la culture dans laquelle baigne la personne pour pouvoir déconstruire les « diktats »

« L’homme est une création de (du) désir et non pas une création de besoin »

Gaston Bachelard

 

Identité fixe VS identité narrative

C’est le passage d’un concept de répression à un concept d’apprentissage.

Identité fixe (traditionnelle)

– Nous avons un moi profond que nous pouvons mettre à jour par un travail d’introspection

– Nous serions un et rien d’autre ; Une identité fixe donnée à la naissance ; une identité réprimée qu’il faudrait aller chercher.

Identité narrative

 « C’est en vivant notre vie que nous la créons »

 – Une identité intentionnelle est façonnée par les interactions.

– Les gens fabriquent le sens de ce qu’ils sont.

– L’identité narrative multiple et diverse est enrichie par la complexité ; elle est conjoncturelle + que structurelle, mobile mais cohérente.

L’éthique selon Paul Ricoeur : « Une estime suffisante de soi dans la sollicitude de l’autre et dans des institutions justes ».

 – Comment les actions tissent l’identité ?

– Faire naviguer le client entre les péripéties qu’il raconte et le sens qu’il leur donne.

– Devenir auteur (de sa vie) est une navigation…

Pause

 Débrief exercice – Explorer les états intentionnels 

 « Une identité nouvelle est fragile ; elle a besoin de soutien »

 – Les valeurs sont les principes de vie qui nous gouvernent.

–  Se reconnecter à nos valeurs (reconstituantes) pour se reconnecter à nos énergies.

– L’objectif est d’étoffer le récit pour bâtir une nouvelle identité narrative.

Pause déjeuner –

 Conversations pour redevenir auteur

– Étoffer des histoires avec des intrigues.

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne chanteront que la gloire du chasseur »

(Proverbe sénégalais)

– « Nous allons et venons entre deux paysages : celui de l’identité et celui de l’action ».

Conseils/questions

– Et quand tu as fait ça, ça signifie quoi ?

– Et cette valeur si importante à tes yeux, comment l’as-tu mise en action ?

– Et qu’est-ce que cela vous fait de repenser à ce que vous aviez fait et qui vous avait donné de la satisfaction ?

– Chercher dans le passé des preuves (et aussi dans l’avenir) : retrouver des épisodes de vie qui témoignent d’une intention.

– Comment cela pourrait vous soutenir dans l’avenir ?

 

– L’intention influence le choix des mots

– Le sens fabrique nos actes

– Faire une action, c’est créer un historique (une histoire ?)

Débrief exercice

Objectifs 

– Mettre à jour la cohérence (du récit)

– S’entraîner à proposer une ligne éditoriale : « Vous m’avez dit que… »

 

Généralités/Conseils

– La cartographie rend le titre d’auteur au narrateur et donne du sens.

– Remettre les évènements dans le bon ordre, c’est fabriquer de l’historicité (de la cohérence).

– Si je dis j’ai raté… Cela prouve que j’ai une représentation de la réussite !

 

5 ème jour – Vendredi 7 octobre

 « La mort physiologique n’est par la mort psychologique »

(Michael White)

 Matin : apprendre à se reconnecter avec nos morts pour en faire une source d’inspiration

Après-midi : métaphore du club, carte du re-groupement

 

Débrief exercice : nous relier à une source d’inspiration (cf. p 60)

Généralités/conseils

Desserrer les évidences, penser autrement la vie pour retrouver de l’initiative mentale, pour que l’avenir ne soit plus clos par avance.

« L’apprentissage est une petite violence « 

Gaston Bachelard

 

Le deuil 

– Travail sur le droit d’être triste – « Sortir du chagrin est culpabilisant »  (Roland Barthes)

– Perpétuer les ondes de la personne décédée.

– La mort c’est la fin des corps mais pas des connexions.

– Apprendre à ne pas dire adieu mais au-revoir et bonjour à nouveau…

 

« J’étais important pour lui comme il l’était pour moi »

Pause/reprise

 La vie comme un club

 « Notre identité s’est construite avec les autres »

Principe général (cf. MW) : invoquer, révoquer les membres de son club (de vie).

Généralités

– Si quelqu’un m’a donné de l’amour, c’est peut-être que je le vaux bien J (Réciprocité)

– « Qu’est-ce qu’il (elle) appréciait chez vous ? Pourquoi avait-il (elle) plaisir à vous apprendre » ?

Objectif

– Aider la personne à s’apprécier via le regard de l’autre, des autres…

Débrief exercice re-membering

Objectif ? Faire revenir les figures d’importance

 

Résumé des 5 jours

– 5 cartes de base (à apprendre par cœur)

 

1) Trouver des fines traces d’une identité narrative préférée (externalisation)

– Description de l’histoire – Déclaration de position – Enrichir le récit au plus proche de l’expérience vécue.

– Cartographier les effets

– Les évaluer

– Les justifier

 

2) Étoffer une initiative (moments d’exceptions) 

– Nommer

– Évaluer

– justifier

 

3) Structurer une histoire préférée (alternative)

– Redevenir auteur (de son histoire).

– Promenade entre les paysages de l’action et de l’identité.

 

4) Soutenir la nouvelle identité narrative/histoire (Carte de re-groupement).

– Introduire des personnages authentiques et soutenants de la nouvelle histoire.

– identifier comment ils contribuent à ma vie. Ce qu’ils apprécient chez moi.

 

5) Invoquer les personnages de soutien (carte des résonnances, carte de re-narration)

Objectifs : Soutenir la nouvelle histoire – Externaliser le problème…