John Fitzgerald M@cron

 

Unknown

Bon allez, c’est parti… (jusqu’à quand ?)… On va en bouffer du M@cron !

Sans déconner… Paris Match aurait décidé de marquer une pause. Sept couv’ en un an, un record ! Les salons de coiffure de Romorantin vont se retrouver en manque… Pas cool !

Bon, allez, allez… flashback, retour sur ce début de règne…

Suspense insoutenable, Quel PM ?… waouhhh surprise, les rumeurs bruissaient… même au Havre, ils savaient… Macron nomme « Edouard aux mains de l’argent » et lâche sa petite bombinette à fragmentation de la droite…

A part JLM qui fait de la résistance, le job est déjà fait à gauche, merci…

Bon alors, re-suspense insoutenable… Quel gouvernement ? C’est quoi la nouvelle recette ?… Merde, la photo ratée… Parité, ministère des femmes ? euh…

Bon, la droite tient la caisse. La gauche fera des poèmes… une éditrice à la culture, ça l’ fait non ? Les vieux barbons sont bien là, Ministres d’État Mazette… Ah Collomb et ses larmes… que d’émotions… ah Bayrou, enfin, on va lui laisser nous moraliser la vie politique, chouette non… Allez, allez.. le renouveau, on y croit !

Ah j’oubliais le meilleur… Mr Ushaia himself et son gel douche bio, « The prise de guerre » pour ne pas oublier l’écologie… la fonte des neiges… le diable se niche vraiment dans les détails… Les paris sont ouverts… On fait comment avec le nucléaire les gars ? Nicolas, tu la poses quand ta dem ?

Bon allez, allez… en marche… on the road again… Allez, passe-moi mon jet… vite, on file faire allégeance à Angela, Reine d’Europe… Allez, on pousse au Mali pour jouer au chef des Armées sur un théâtre extérieur… on la refait ? on la double ? Oups, une petite boulette à signaler… Merde, on n’a pas le droit de choisir les journalistes comme ça… Font chier avec le liberté de la presse…

Mais bon, je n’y comprends rien… Trop facile de se moquer !

Allez, allez… on se relâche pas, on a des législatives à préparer… On avait dit 577 ? Au final, d’accord, il en manque plus d’une cinquantaine. On ménage Pierre, Paul et Jacques… Pas grave… C’est la nouvelle politique… y’a toujours moyen de moyenner non ?

Mais bon, décidément, je n’y comprends rien. Ce n’est pas cela le plus important… Le RENOUVEAU… La société civile qui prend les commandes… super… vous et moi… ? Euh, non, pas tout à fait… Observons de plus près la liste des marcheurs intronisés… les professions OK… beaucoup de libérales… hum… hum… très peu d’ouvriers… ah bon bizarre, bizarre… Le macronisme possèderait-il déjà sa sociologie de nouvelle classe sociale : cette France hautement diplômée, déjà arrivée aux responsabilités. Les « heureux de la vie », cette race magnifique dont on ne voudrait pas ternir la joie avec les embarras des pauvres. Ceux qui, protégés des tracas du vivre-ensemble sentent bons et aiment l’Autre. Les chanceux de la vie, ceux qui la réussissent.

Pas grave ! De toute façon, les futurs néo-députés on s’en fout un peu parce qu’ils n’auront pas grand chose à faire dans l’hémicycle… Bien verrouillé, le pouvoir restera plus que jamais en lieu sûr à l’Élysée. En « renouvelant » la classe politique, M@cron s’offre aussi – spécial dédicace au Général – la garantie de députés aussi dociles qu’impuissants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vas-y Manu !

17050908_8PRESIDPORTRAITMACRON+X1P1_ori.jpg.180

La longue marche

Au Ma©ron ou au brun, oui, j’ai préféré le blanc… Il fallait pas louper l’occase (peut-être une première et dernière fois dans ma vie de citoyen)… C’était joyeux et léger… un vote électronique en plus sans peur et sans douleur… et vous, comment ça s’est passé avec les pinces à linge ?

Alors, alors… La France s’est donné un président de 39 ans ! Effet woauhhh garanti, quel beau message envoyer au monde… la France, les lumières… la belle histoire… qui achète ?

Allez, intéressons nous au petit Ma@cron « portraité » dans Libé…

Un peu de storrytelling…  A « son ascension éclair en usant de sa capacité à séduire, quel que soit son interlocuteur » à « l’admiration de sa personne servant de dénominateur commun à tous ses rapports humains ». « A cet enfant joyeux, à la maturité précoce et au goût prononcé pour la lecture et le contact avec les adultes ». A ce garçon « si chaleureux, si tactile, jamais pontifiant, toujours d’humeur égale », qui tape dans l’œil du professeur d’histoire puis dans celui de Brigitte, l’héritière de la famille Trogneux, connue dans toute la région pour ses chocolats et ses macarons et qui enseigne le français à La Providence. Une femme épatante avec qui la « complicité intellectuelle » devient vite « proximité sensible ». A cette relation sulfureuse qui lui vaudra son exil à Paris (attention les versions divergent)…

Tout le monde dort… ? Bon OK, j’accélère !

Où en sommes-nous ?… Ah oui… Les grandes écoles (tiens, il se plante deux fois à Normale Sup)… L’ENA, l’inspection des finances cette « autoroute des élites »… Tennis, piano au conservatoire : une éducation bourgeoise, un peu hors du temps… Les WE au Touquet… tout ça, tout ça… Et après ? Ah oui… La commission Attali et ses cocktails à Neuilly où le petit chanceux croise les gens qui comptent (sic), le détour (arghhh) par la haute finance (2,5 millions d’euros ses revenus bruts en dix-huit mois quand même).

Et la politique dans tout cela me direz-vous ? En 2006, Manu prend sa carte du PS à la section culture du 11ème arrondissement de Paris (personne ne l’a jamais vu distribuer un tract)… Après avoir refusé d’intégrer le gouvernement Fillon, il accepte en 2010 de rejoindre l’équipe de campagne de Hollande qui pointe à 3%… Macron devient vite la cheville ouvrière du « groupe de la Rotonde », du nom de la brasserie de Montparnasse où il a ses habitudes. Après, après… on connaît… c’est l’ascension fulgurante, le passage au ministère de l’économie où il essaie de piquer la place à Sapin, le jeu de billard à 3 bandes avec Hollande, Montebourg, et Vals puis la démission soigneusement mis en scène du gouvernement, la fondation dans le plus grand secret de son mouvement, etc…

Allez, allez… Deux petits verbatim en prime pour conclure notre séquence portrait : « Macron est une boule à mille facettes. En fonction de l’angle, on ne voit pas la même chose mais d’où qu’on regarde, ça brille », résume un conseiller de Bercy. « Macron c’est Moïse, quand il avance, la mer s’ouvre et se referme derrière lui ». Prophète ou illusionniste ?, s’interroge un socialiste. Que le premier qui voit les pains se multiplier lève la main.

Flashback

Ahhh la soirée TV… allez, fidèle au service public pour l’occasion… Pujadas et Léa se lèchent les babines… Delahousse (c’est quoi ton secret brushing ?) qui teste un peu de réalité virtuelle, la commande à la main pour nous introduire dans le bureau de président et réinventer notre expérience de téléspectateur…

Bon tu as les pop-corn chérie ?… On est prêt… Allez, encore un énième passage dans les QG de campagnes… Les commentateurs nuls qui meublent… Hey, Hey… On connaît déjà le résultat, c’est facile à voir à l’image… Les frontistes qui font la gueule, les drapeaux qui s’agitent sur l’esplanade du Louvre… OK c’est bon… 5, 4, 3, 2…

Merde j’ai perdu mon pari… J’avais pronostiqué 57/63… C’est J (14 ans) qui a gagné avec 62,1 %… Et vous, vous aviez parié quoi ??

Journalistes en tête, tout le monde à l’air content, à part les frontistes qui font encore plus la gueule… Marine (attention faut pas dire Marine pour pas la dédiaboliser) expédie la première les affaires courantes… Attention, règlements de comptes au Front ! Sa nièce rôde son sourire carnacier mais faut pas trop que ça se voit non plus… A oui, OK voilà une info, exit le Front place à un nouveau mouvement qui veut faire des alliances (avec qui ?)…

Écoutons les premières réactions du premier plateau… Tiens, les mêmes qu’au premier tour : Bayrou qui s’y verrait bien mais qui l’aura pas mais qui a quand même négocié 90 circonscriptions pour son Modem, Colomb (comment on le faire taire ?), Barouin en parrain de la nouvelle famille des républicains qui fait déjà fumer le flingue, des « macronistes de la première heure mais pas connus nouvelles figures qui vont renouveler la classe politique », le porte parole de Mélenchon qu’il faut calmer en urgence, etc… Allez, allez Léa ! Place au direct…

Roulement de tambours, sonnez trompette… Le premier discours du nouveau président… Merde y’a un problème de son… Dégagez-moi la maquilleuse… Allez, on meuble, pas le temps de lancer un nouveau débat… c’est bon… on y retourne…

Et merde, le président a les yeux rivés sur le prompteur… Merde, qu’est qu’il fout le réal, y’a pas un autre axe pour qu’il regarde la France dans les yeux… Manu de France nous la joue bien grave, bien solennel, genre allez j’arrête la déconne, voyez comme je suis habité par la fonction présidentielle, je sens la charge sur mes épaules… On dirait un enterrement…

Allez, place au direct…

Retour sur le plateau… Un premier tour de table rapide… Alors, vous l’avez trouvé comment ? C’est autre chose que la Rotonde non ? On s’essaie déjà à définir le « macronisme »… Au fait, on dit comment Macronien, macroniste ? Bein, je sais pas Léa…

Bon allez, la soirée avance, les résultats s’affinent. Brice Teinturier nous délivre son analyse… Tiens bizarre… Il ne nous dit pas que ce vote trace une ligne bien nette entre deux France désormais frontalement et sociologiquement opposées. Que les vieux concepts marxistes de classe sont bel et bien de retour… Bon OK, il concède du bout de ses lèvres pincées les records d’abstention (25,4 %) et de bulletins blancs. Ah oui quand même… Pas moins de 11,5  % des votants ont déposé un bulletin blanc ou nul. Ah oui, 4 millions d’électeurs (traîtres à la Patrie ?) se sont déplacés pour exprimer qu’ils ne voulaient voter ni pour l’un ni pour l’autre.

Allez, allez, on renouvelle les plateaux… Tout le monde est déjà dans les législatives… Bon, voyons voir… hum… qui va aller à la soupe ?… Le Guen oui, il y va… Najat Vallaud-Belkacem, non, elle préfère rester droite (?) dans les bottes du PS (quel PS ?)… Et à droite, ils s’en sortent comment ?… Coppé et Woerth (merde, je croyais qu’ils étaient morts) jouent les gardiens du temple LR (faites gaffe les gars, ça va tomber)… Estrosi, ahhh Estrosi… Le roi de l’embrouille… Une sorte de «festival off» a commencé… Plusieurs ténors de la droite, comme Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Pierre Raffarin et Edouard Philippe, se disent prêts à travailler avec le nouveau président…

Super… la séquence moto… c’est chaud… super chérie… on visite Paris … Regarde, y à des parisiens dans les rues… on arrive déjà ?… Pas même un petit accident dans le dernier virage avant d’arriver au Louvre, les cons !…

Attention, séquence émotion… Refais-moi le brushing… En extérieur, Delahousse a pris de la hauteur… Il surplombe l’événement et va faire le lancement… Allez, une petite comparaison avec Bonaparte, jeunesse oblige… Ca mange pas de pain… Perlin pin, pin

A y’est ! Il arrive dans une scénographie tirée au cordeau… Seul (Brigitte, Brigitte !)… Il marche seul… Il a mis un pardessus en cash-mire (ah, ah), Fait pas chaud ce soir… En mai fais-ce qu’il te plaît… tu parles… tu trouves pas qu’il a des grands pieds… Mais non, c’est parce qu’il est petit et que la cour est grande… On voit ces semelles qui se relèvent un peu trop… Putain, c’est une longue marche… Bon OK il l’a bien cherché… en marche (ah, ah…) Profites Manu, profites… Au fait, tu crois que ce sont des Berlutti ?… On pense à Dumas… euh, y’aurait pas un peu de Mitterrand dans ce nouveau M@cron là ?

Notre coach à tous ?

Il monte sur l’estrade… Emmanuel le Messie, Emmanuel le Conquérant, on hésite… Juste dans l’axe de la pyramide, la symbolique est forte Léa non ? On pense plutôt à Napoléon… Pas grave, ca reste dans la famille… L’histoire, la grande histoire, avec un grand H coco !… Quelle histoire on nous raconte… ?

Ah enfin, un discours plus incarné… Revoilà le Macron du Zénith… Le Macron offensif et punchy… Celui de l’entre deux tours qui a osé dégainer les rescapés de la déportation, qui a fait tonner la Grosse Bertha mémorielle pour bien faire flipper…

Allez, petit détour par l’esplanade… Ambiance boite de nuit… Fais gaffe à tes témoins Jeff… Oui, un enfant en bas âge sur les épaules, ou un noir c’est bien aussi (un peu de diversité quoi !)… Ah oui, super celle là… Elle nous parle d’optimisme… Bingo ! Elle nous dit que Manu nous propose une thérapie de groupe…

Allez dernier retour sur scène… La photo de famille… Brigitte, impeccable, bien tirée… les enfants… bien aussi… façon Trump… Mais c’est qui le mec dernière avec sa casquette qui se marre derrière Manu ?… Ah un gérant de pizzéria de Nantes qui passait par là… C’est bon ça… une nouvelle star est née sur les réseaux sociaux… Pas belle la vie ?

Voilà, On y est ! Après « start-up nation », voici M@cron notre nouveau coach… Celui qui va proposer la méditation en pleine conscience à cette France pleine de tension la bougresse qui a (encore) du mal à lui donner son adhésion.

Vas-y Manu ! Rendez-vous aux législatives !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Non je ne voterai pas M@cron !

 

fullsizeoutput_47a9

OK, il faut prendre la parole…

Au Ma©ron ou au brun, oui, je préfère le blanc…

Oui, l’espace de quelques secondes dimanche 23 avril 2017, oui j’y ai cru… Oui j’ai fait un début de haka devant mon poste de TV convaincu que « mon » cheval, revenu du diable Vauvert, allait coiffer les favoris (ou au moins l’un d’entre eux) sur le fil et qu’il serait finaliste au nez et à la barbe de tous ceux qui préfèrent le familier aux vertiges de l’inconnu…

Oui, j’ai espéré que la France ne rate pas son RV du jour avec son destin… Pour en finir (enfin) avec cette 5ème république « naphtalinée », cette monarchie présidentielle et son système nécrosé tout juste bon à produire du vote FN.

Et bien non… Place au sourire bien blanc du jeune « Mozart de la finance » et à la « double Pen » prête à jouer son rôle d’épouvantail de pacotille, une composition apprise depuis sa tendre et très chère enfance sur les genoux de son gentil papa… Et à nous rejouer en boucle sa petite pièce de théatre guignolesque.

Ok, certes il y eut ce petit moment de (re)jouissance de voir rapidement le triste sire Fillon se parer (waouhhh) d’un masque de circonstance sans pour autant avoir l’élégance de ses costumes et disparaître à jamais du paysage politique français qu’il a contribué à polluer avec un bel acharnement. Impossible de ne pas penser à ce moment-là avec un sourire sardonique à la tête de son épouse « Pénélope la galloise », seule dans le manoir familial face à son bol de soupe (bio) maugréant « tout ça pour ça » !

Allez, allez… Vous avez bien pourri la campagne ! A défaut, de rendre les bons costumes, rendez l’argent !

Et puis après, une fois les résultats consolidés, il a fallu assister au spectacle du champion qui se fait attendre et revivre le simulacre médiatique de circonstance (ah les motos et les feux rouges grillés plein pot), comme si c’était déjà la victoire Manu alors que tu as à peine 24% des votants et combien de votes utiles pour déjà faire rempart à l’épouvantail de pacotille. Ah mais ou mais c’est bien sûr Brigitte, la nouvelle Marianne et ses multiples couvertures de magazine, notre première dame capable à elle seule de redonner le moral à toute la profession de chirurgiens esthétiques, déjà au téléphone pour reconstituer leur stock de botox (putain 5 ans !)…

Observons l’image de ce couple que certains osent comparer au « chicissime » couple Kennedy. Avec sa gueule de jeune communiant qui aurait déjà vendu pas mal de bagnoles, n’entendez-vous pas l’enfant intérieur de Manu crier à maman Brigitte « J’ai peur que tu ne m’aimes plus si je grandis » !

Et puis sur les plateaux TV, sans la moindre pudeur, déjà le bal des prétendants… L’ineffable et matois Bayrou (spécial dédicace au berger pyrénéen Jean Lassalle et sa belle utopie) qui a acheté de l’action Macron au bon moment et entend bien toucher les dividendes. Et Gérard Collomb, ex-premier signataire et animateur de la motion « L’espoir à gauche, fier(e)s d’être socialistes » au congrès de Reims qu’on ne risque pas de confondre avec Christophe tant son esprit d’aventure se résume à changer de champion au grès du vent des circonstances…

La veille garde est de sortie… Non, nous ne prendrons pas en marche… ce train-train là… ! Stop au foutage de gueule ! On c’est déjà largement fait… euh… avoir…

Ah oui j’oubliais… Le dîner à La Rotonde… Ah oui… attention symbole ! Rive-gauche/Rive droite… clin d’œil appuyé, venez-à moi les caméras… vous saisissez… Tiens amusons nous : comparons le prix de la sole (48 € vs 86 €) du Fouquets… Ah oui..; euh…Une addition de (seulement) 7 000 € pour 140 couverts… je sors ma calculette…… on avance… c’est cool non ? Les forces progressistes sont en marche… Et le visqueux Jacques Attali, plus bernique que jamais en recherche de son nouveau rocher et des futurs bons de commande qui se fera répudier ! Oups, loupé ! So sad…

Alors, alors…

Comme il avait fallu un temps être Charlie à tout prix, il faudrait maintenant se précipiter comme un seul homme, au nom du Front Républicain, pour voter M@cron, cette créature élevée sous la mère Hollande, pôvre benêt malfaisant qui avait désigné la finance comme ennemi number one et qui n’aurait pas compris ce qu’il enfantait… Il paraîtrait même qu’il n’aurait pas vu la traîtrise arriver. Ben ça alors… A moins que…

Alors, alors… Il faudrait perpétuer à nouveau l’histoire dominante… euh.. l’histoire des dominants… Non, désolé ce sera sans moi… on m’a déjà fait le coup… Chirac qui nous a pris pour des pommes, tout ça… tout ça… vous vous souvenez… 2002 – 2017… Pas tout à fait la même situation non ?… Demandez un peu aux démographes, ils vous expliqueront…

Allez, allez, merci bien, à l’heure intime du choix (en avons-nous un ? lequel ?), nous n’avons ni leçons ni consignes à recevoir de quiconque…

Pour les insoumis, les options sont ouvertes : Macron, blanc, abstention… Une seule est exclue avec force « Pas une voix pour le Pen »… Et JLM a bien raison de ne pas céder à tous ceux qui veulent lui faire jouer le rôle qu’on lui assigne. Avec au premier rang, le « maître des horloges » qui se pense déjà comme le roi soleil. L’ancien banquier dont le carnet d’adresse fait déjà office de Who’s who qui a déjà fait allégeance à Angela Reine d’Europe et nous prépare un « buiseness plan » d’enfer. Comment pourrait-il comprendre que toute notre énergie de citoyen est déjà investie dans la création de nouvelles formes d’actions, hors partis et hors institutions.

Non, je ne voterai pas Ma©ron et son projet de « Start-up nation », cette nouvelle marque employeur dont il sera le manager idéal, capable de parer la servitude de belles et fortes valeurs humanistes.

Oui, j’assume. Mieux, je fais même l’éloge du risque…

Oui, je préfère le blanc…

Le blanc de la page sur laquelle nous pourrons co-écrire une autre histoire, celle où chacun deviendra acteur de sa vie, celle où l’on peut préférer attendre l’improbable plutôt que de se résigner à perpétuer morbidité et exclusion.

« Si tu ne crois pas à l’inespéré, il n’arrivera pas ! » nous dit Edgar Morin

J’ajoute : « L’acceptation de l’impuissance du moment nous ouvrira les portes de la vérité de demain ».

Non, je ne voterai pas Ma©ron

Rendez-vous aux législatives !

 

Rencontre avec… Dina Scherrer

Dina

(Paris – 20 février)

 Allez, allez… contextualisons (un peu)…

 C’est à l’occasion d’un contact avec une association havraise qui m’incite à expérimenter les pratiques narratives avec des jeunes « décrocheurs » (une appellation qui dit déjà beaucoup de l’histoire dominante qui leur est assignée) que je me suis décidé à prendre contact avec Dina Scherrer. Une simple demande d’entretien suivi d’un échange de mails pour préciser les raisons de mon approche… Curieuse et disponible aux nouvelles rencontres et aux nouveaux projets, Dina, une des figures (deuxième génération précise-t-elle) des pratiques narratives, membre de la Fabrique Narrative (lieu de formation à Paris et à Bordeaux) m’a reçu dans ses bureaux du 7ème arrondissement de Paris… Une heure et demi d’un passionnant entretien sur le travail qu’elle fait avec les adolescents (et dont on trouve trace en vidéo sur son blog), sur l’arbre de vie (elle écrit un livre sur cette approche), sur mon projet « LH se narre » (j’ai hâte d’en connaître le développement me confiera-t-elle) et sur le devenir des pratiques narratives (en plein développement en France).

Les ados

Je ne fais pas de différences entre jeunes et adultes dans l’utilisation des PN… Il faut qu’ils se sentent entendus dans ce qu’ils vivent et veiller à leur demander aux différentes étapes si ca leur convient…

Que faire avec eux ?

Externaliser le problème : Le principe est que le groupe identifie un nom… Il faut réussir à le nommer : ex : « les empêcheurs d’avancer »…

Exemple de question : « Comment pourrait-on appeler ce qui vous freine dans vos apprentissages, d’être bien dans votre scolarité ?

 Eux n’ont pas demandé à ce que l’on soit là…

Influente et décentrée, notre posture conçue pour restaurer les identités abimées leur montre que l’on s’intéresse vraiment à eux…

Et qu’on peut contribuer à restaurer leur estime de soi.

La seule intention de notre intervention : qu’ils deviennent auteurs de leur vie… qu’on puisse réinjecter du choix, pour vivre plus en congruence avec ce qui fait sens pour eux…

Ils seront ravis de vous voir car cela leur change du système scolaire.

Au moment où le système scolaire les rejette, c’est tout l’intérêt de travailler les projets avec eux. Et il convient alors d’aller au plus près de ce qui les intéresse à partir de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils connaissent, de leur histoires préférées…

Ou ils retrouvent des forces pour revenir dans les apprentissages ou leur avenir passe par une voie professionnelle. J’en ai un qui a ouvert une sandwicherie après avoir passé un diplôme en cuisine alors qu’on le mettait en plomberie.

 Témoins extérieurs ?

Par exemple quand on fait des arbres de vie, on peut utiliser les témoins extérieurs pour ancrer les avancées, pour faire rayonner à un plus grand niveau leur identité préférée.

Il faut pouvoir les reconnecter à leur unicité… leur faire toucher du doigt en quoi ils sont uniques. Chaque membre du groupe peut par exemple dessiner un arbre de vie où ils se présentent avec leurs spécificité. Et chacun peut ensuite présenter son arbre aux autres. C’est là qu’on peut faire résonner les témoins.

Exemples de questions posées aux témoins :

« Qu’est-ce que vous retenez de ce qu’il a dit ? »

« Qu’est-ce qui est important pour lui ? »

« Quelle image cela vous donne de lui ? »

Des règles du jeu ?

Je suis dans la transparence totale. Au début, je leur dis qui je suis et ce que je viens faire. Je leur parle d’un voyage à faire ensemble. Je viens les prendre en train et les invite à monter. A chaque séance, je m’assure de la présence de tout le monde avant que le train ne démarre pour la prochaine étape. A chaque fois, je leur explique ce que l’on va faire et pourquoi on va le faire.

Les jeunes ont besoin d’un cadre pour savoir où ils vont aller.

Par contre, on peut très bien leur dire que ce sont eux qui choisissent la direction.

 Quelles intentions ?

Quatre idées que je tiens de David Denborough sont opérantes avec les jeunes :

– Qu’ils se sentent reconnus dans ce qu’ils vivent. (honorer les effets du problème sur dans leur vie) ; leur redonner le savoir : c’est eux les experts (de l’absentéisme par exemple) !

– Avoir une double écoute (absent mais implicite)… Écouter la plainte et honorer les fines traces de l’histoire préférée… (leurs forces) ;

– Les sortir de l’isolement ;

– Les faire contribuer à la vie des autres.

 L’arbre de vie

C’est un outil que l’on doit à David Denborough et Ncazele Ncubé, tiré de son livre « Collective narrative practice »). Il l’a utilisé à Soweto (Afrique du Sud) dans les années 80 avec une psychologue africaine (Nazélé Nube) pour accompagner des enfants orphelins du Sida. Aujourd’hui, j’utilise cette technique avec les jeunes mais aussi en entreprise, en cohésion d’équipe, etc. Je suis d’ailleurs en train d’écrire un livre à ce sujet.

Exercices de déconstruction

Je propose aussi un exercice de déconstruction pour aller chercher l’absent mais implicite… Avec l’idée de reformuler les choses en montrant que la souffrance (la plainte) est l’expression d’une résistance et la manifestation d’un attachement à des valeurs bafouées.

Je trace un cercle (des objectifs) sur un paperboard et je note tous les « Je ne veux pas…  » (le discours de la plainte) à l’extérieur du cercle. Dans un deuxième temps, on reprend ensuite chaque « je ne veux pas » pour tenter de le transformer en « je veux » et de les inscrire à l’intérieur du cercle ; il reste ensuite à les « prioriser » pour savoir lequel on va pouvoir « travailler » aujourd’hui.

Photos-langages

Il est possible d’utiliser ce media pour trouver une image qui représente le problème de chacun. Ils peuvent alors s’exprimer aussi bien en positif qu’en négatif… C’est une aide pour externaliser le problème. Et en profiter pour aller chercher là aussi les fines traces et/ou l’absent mais implicite.

 Exercices d’ateliers d’écriture

Ce genre de propositions à base de mots peut buter sur le rapport difficile avec le langage (orthographe, etc…). Il est recommandé de les décomplexer et de ne pas nécessairement corriger les fautes.

La vidéo

Oui c’est un excellent média pour travailler avec les jeunes. On peu demander à un jeune de filmer, d’assurer la captation de la séance. Par exemple pour le travail sur l’absentéisme, nous avons fait un jeu de rôle en demandant à des jeunes de se mettre dans la peau « d’absentéisme » et de répondre à des questions venant du groupe. Et ils avaient plein de réponses…

« Comment tu t’y prends pour recruter les jeunes » ;

« A quoi tu sers ? »

« Quels sont tes objectifs ? »

Ensuite, on peut faire du montage avec eux, mettre de la musique puis montrer le film (re-narration) au groupe. Avec leur accord, on peut s’en servir à l’extérieur pour témoigner du travail fait ensemble.

 Durée des séances 

2 heures au minimum avec un début, un milieu et une fin ;

– Un temps de prise de contact avec une petite météo pour savoir où ils en sont…

– Un temps de travail

– Un temps de conclusion/bilan pour récolter ce que l’on a semé. Prendre le temps de ramener les petits souvenirs du voyage effectué ensemble. En insistant évidemment sur ce qui peut être soutenant.

Fréquence

– Idéalement, 7 à 8 séances dans l’année scolaire.

Son blog : http://dinascherrer.com

 

Le sens émerge de l’expérience…

IMG_7783

Allez, allez.. contextualisons (un peu) !

L’image ? Des enfants déjà au travail à « Saint Jo » dans la nuit à 8 h du matin… Souvenir perso du Lycée Michelet où j’allais en 6 ème à la même heure… 20 mn sur mon vélo dans la nuit noire… J’ai été viré en fin d’année.. Cherchez l’erreur !

Bon alors… J’ai rencontré Henriette, coach narrative en juin 2016… c’est le mot qui m’a d’abord intrigué… Et je me félicite d’avoir suivi mon intuition. Depuis, nous avons entrepris ensemble un voyage narratif vers une destination inconnue et (presque) sans cartes (clin d’oeil à Michael White ).

Nous avons déjà écrit plusieurs épisodes mais l’histoire reste en devenir… De coach, Henriette est devenue assez rapidement ma « superviseuse » pour accompagner les premiers pas de ma pratique naissante. Après quelques mois d’échanges, elle m’a ensuite demandé en décembre 2016 (et à ma grande surprise) si je pouvais l’aider dans l’écriture d’un livre :  le coach coaché/le coaché coach… Tout ce que j’aime… EXPERIMENTATIONS !!!

Je rends compte ci-dessous d’une partie de la correspondance qu’elle m’a adressée durant ces quelques mois en laissant (pour l’instant) de côté notre expérimentation en cours concernant l’écriture de son livre. Je laisse aussi volontairement de côté ma partie de notre correspondance pour mettre en lumière son rôle.

Nous avons réfléchi ensemble à la place de l’écrit dans nos échanges et cette expérience commune a confirmé l’importance « soutenante » de ces lettres (des mails) entre les différentes conversations (nouveau clin d’oeil à Michael White ).

 

15 juin

Bonjour Olivier,

C’est avec grand plaisir que j’échangerai avec vous.

A court terme, cela pourrait être le vendredi 17 ou le vendredi 24 à votre convenance.

 

Le 12 oct. 2016 

Bonjour Olivier,

J’espère que vous allez bien et que les effets positifs de la conversation de la semaine dernière vous inspirent pour passer à l’action. Pour nourrir votre réflexion et vous permettre de vous y référer, je vous communique quelques notes brutes prises lors de notre entretien de la semaine dernière.

La semaine de formation est venue renforcer votre désir d’exercer en tant que PRATICIEN NARRATIF et de vous fixer un objectif  : »En 2017, JE METS MA PLAQUE SUR LA PORTE ». Cette identité future vous permettrait à la fois d’accompagner des projets créatifs tel l’écriture de manuscrits et de proposer des conversations thérapeutiques. Et la conviction que vous y seriez bon et à votre place. Vous y avez découvert plusieurs choses parmi lesquelles : la compréhension de la nécessité d’un cadre et du respect de l’échafaudage, des petits pas permanents dans une logique d’apprentissage. « On ne peut pas faire l’économie de ce temps-là… éloge de la lenteur »… Dans ce cadre, il peut y avoir un « espace pour déconner » et qui fonctionne.

Notre axe de réflexion conjointe : sur quoi focaliser votre accompagnement dans les prochaines semaines ; objectifs possibles :  préserver une santé financière, définir son offre de service et le public visé (thérapie, coaching, journalisme, écriture de fiction…).

Vos envies et espoirs pour la suite : Reprendre les codes de la fiction pour rendre l’histoire passionnante, trouver un moyen de respecter la chronologie, les éléments donnés par le narrateur pour le valoriser et le communiquer sous forme de lettres… Croiser avec vos talents de compteur… expérimenter ce qui a été appris dans les groupes de paroles auxquels vous avez participé au cours de votre vie… Puiser dans les moments d’exception afin de ne pas donner aux questions qui émergent un pouvoir de paralysie… Ecrire le journal d’un praticien narratif en devenir.

Je me rends compte que je n’ai évoqué que notre dernier échange. Il y a eu tous les précédents. Si vous aviez l’envie de raconter cette histoire dans votre journal de praticien narratif en devenir, c’est avec plaisir et curiosité que j’en prendrai connaissance.

 

4 novembre 2016

Bonjour Olivier,

Je vous avais annoncé une lettre de ma part. J’y ai pensé plusieurs fois sans y trouver un sens véritable qui m’invite à prendre la parole. Je crois qu’il est trop tôt pour moi de m’exprimer. Ou que je ne ressens pas le besoin de m’exprimer pour l’instant. Pour l’instant, l’espace est occupé par des questions que je partage ici avec vous. Suis-je dans cette « expérimentation » un observateur, un témoin, un cobaye, un superviseur, un coach…? C’est peut-être tout cela à la fois. Ce que j’ai plus particulièrement retenu mon attention dans nos échanges, c’est l’expression « expérimentation ». C’est à la fois une autorisation à mener une expérience sans en connaitre les résultats et le sentiment d’être pionner dans sa propre vie. C’est une opportunité d’allier continuité et renouveau. Un peu comme cette page blanche où l’on se retrouve à chaque fois ni tout à la fait la même, ni tout à fait une autre.

Je me demande ce que vous expérimentez depuis le début de l’expérience. Qu’est-ce qui a été pour vous le plus surprenant ? Où est-ce que cela vous a transporté et où vous n’étiez pas allé auparavant ? Et surtout quels sont vos espoirs pour la suite ?Comment voyez-vous les prochains pas ?

Ceci est peut-être un prologue. Le sens évoluera sans doute au fil du temps. Comme le sens de nos expériences de vie. Quel est le sens donneriez-vous aujourd’hui à cette expérimentation ?

 

6 novembre 2016

Bonjour Olivier,

Je vous remercie pour ce message et pour partager avec moi vos premiers pas de praticien narratif. Vous me sollicitez pour une super vision 🙂

Eh bien, voilà. Ce que je vois c’est l’absence de question ou d’expression d’un besoin. Aussi ai-je envie de vous inviter à réfléchir à cela. De quoi avez-vous besoin pour accompagner votre client ? En miroir, j’ai envie de vous inviter à interroger également votre client. De quoi a-t-il besoin ? Qu’a-t-il apprécié de la 1ère séance et qui lui a donné l’envie que vous vous revoyez dès ce lundi ? En quoi est-ce aidant ? De quoi pense t-il avoir besoin ? Comment vous voit-il l’accompagner dans l’écriture de ce roman ? Afin d’éviter de répéter encore plus de la même chose, que diriez-vous de l’interroger : Qu’a-t-il déjà mis en œuvre ? Quels résultats ont été obtenus?

D’autres questions (concernant le cadre de la coopération) me viennent également… Qu’est-ce qu’il lui fera dire que l’objectif est atteint ? Qu’est-ce qui pourrait lui donner l’envie d’arrêter ? Que fera -t-il si cette pensée se présente?

Quelle est son intention de fixant la limite de 5 séances comme cadre à votre travail en commun? (A cet égard, je trouve très intéressant cela. Le sentiment d’urgence est souvent mobilisateur.)

Dans vos notes, j’ai relevé un parti-pris : « Je l’ai prévenu que nous allions dans un premier temps décrire les freins à sa création pour essayer de les lever avant de nous intéresser au contenu du roman. » Qu’est-ce qui motive ce choix? Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il faudrait procéder ainsi? (J’y vois l’influence d’une métaphore/vision du monde influencée par la mécanique. Nous avons tendance à nous percevoir comme des machines.). Il est important d’aborder le problème pour identifier les valeurs/motivations qui soutiendront les pas du client. Toutefois, l’objectif est de le dissoudre, faire qu’il ne soit plus dominant. Aussi, aurais-je envie de vous inviter à faire assez tôt une place aux exceptions. Vous mentionnez le plaisir qu’il a eu à parler de son roman. C’est un levier intéressant. le plaisir de changer nous encourage à poursuivre dans la voie du changement.

Dans les propos de votre client, j’ai aussi relevé une croyance « un journal n’est pas une œuvre littéraire. » Cela pourrait-être intéressant de questionner « cette façon de juger ses écrits ». face à une croyance, nous explorons en narrative le contexte où cette croyance/pensée dominante se développe. Qu’est-ce qui y contribue ? Qu’a-t-il vécu qui lui faire dire cela ? Quel regard porte-t-il sur les journaux de certains d’écrivains comme Kafka ou Michel Leiris ?

Enfin, vous concernant plus particulièrement, ce serait intéressant que réfléchissiez à : “Ce que vous avez vécu…” “Ce que vous avez découvert, ce que cela vous apprend…” “Ce que vous envie d’en faire…”

Si vous souhaitez partager avec moi ces éléments, j’en prendrai connaissance avec intérêt. Je vous souhaite d’agréables prochains pas.

 

Samedi 12 novembre 2016

Bonjour Olivier,

Je vous remercie pour ce partage. Il y a déjà une riche histoire qui s’écrit avec A. Que ressentez-vous? Comment cela résonne par rapport aux espoirs que vous avez pour la suite de votre vie? J’ai bien noté vos questions pour la prochaine séance. Toutefois,si vous y consentez, auparavant, j’aurais très envie d’en savoir un peu plus sur le thème de la « légitimité » que vous mentionnez dans votre échange avec M, votre deuxième « cliente ». Qu’est-ce qui soutient le fait de se sentir légitime ? Qui sont les « juges » de cette histoire ? Qu’est ce qui leur donne ce « pouvoir » ? Comment cela se met en place dans l’histoire de A ? Comment cela se met en place dans votre relationa avec M ?

Qui sont nos juges?

Bien à vous,

 

21 novembre 2016

Bonjour Olivier,

Je vous remercie pour ce message. Je vais bien et suis actuellement en voyage pour une petite semaine professionnelle et personnelle. Il me semble que le travail que vous faites avec A porte ses fruits car il a le désir de le poursuivre. Il semble donc y trouver un intérêt et une forme de régularité qui pourrait l’aider pour son travail d’écriture. Une nouvelle phase de 5 séances est envisagée. Il serait intéressant, je serais curieuse de…, savoir les espoirs qu’il a pour cette 2ème phase et de quelle façon cela fait écho avec ce en quoi il accorde de l’importance dans la vie. S’agissant d’une sorte de voyage initiatique, il serait intéressant de savoir en quoi les conversations avec vous l’ont transformé. Qu’est-ce que vos échanges ont contribué à faire évoluer dans ses ressentis, ses pensées, ses représentations et ses envies ? Que souhaite t-il prolonger, donner suite ?

Enfin, je note que les séances sont très rapprochées. Je me demande si vous pourriez envisager de les espacer un peu. C’est entre les séances que se déroule la vie, que les initiatives se prennent et que l’action se déroule. L’objet de penser la vie est de nous aider ensuite à agir dans la vie, je crois. Peut-être qu’espacer les séances de 2 semaines y serait profitable.

Bien à vous,

 

2 décembre 2016

Bonjour Olivier,

Ce message pour vous dire quelques mots de plus du projet qui est entrain de germer suite à nos conversations. J’ai effectivement le désir et le projet de contribuer à la naissance d’un livre témoignage à la fois de mon activité de coach, des histoires qui s’y façonnent et se déroulent et de le resituer à la fois dans la grande histoire de la narrative (de ses principes éthiques, philosophiques, politiques…) et dans l’histoire de ma vie. Nos échanges me laissent à entendre et à penser que ce projet pourrait éventuellement trouver un écho positif chez vous et pourrait potentiellement faire l’objet d’un travail en commun. J’ai pris conscience que nos échanges m’invitent à parler du coach que je suis, de ce qui me plait et me motive dans ce métier (cette posture de vie), de la façon dont cela a façonné ma vie… et de m’être inscrite dans une forme de témoignage avec vous. J’aurais je crois envie d’expérimenter l’une de vos sessions d’écriture en résidence, je ne sais pas…pourquoi pas d’ici la fin de l’année 2016. Vous me direz comment cela résonne pour vous. Au plaisir d’en discuter avec vous par mail ou téléphone.

Excellente journée,

 

4 janvier 2017

Bonjour Olivier,

Je vous transmets ces notes prises de notre conversation du 28 décembre dernier comme un espace de réflexion et d’éclairage de vos prochains pas. Vous en souhaitant une bonne lecture.

Contexte et réflexion préliminaire : Cette conversation se déroule dans un contexte un peu différent des précédentes, chez vous, dans l’espace que vous avez aménagé pour vos propres coachings. J’expérimente donc le fait de coacher le coach dans son espace. Je m’interroge.  Qu’est-ce que ma présence en ce lieu va-t-elle changer à cette séance ? Comment faire pour rester le coach alors que je suis assise à la place du coaché ? Le but de cet accompagnement et de cette expérimentation n’est-il pas d’accompagner le coaché vers ce nouveau territoire où l’identité de coach viendrait s’articuler à ces autres identités ?

Je laisse faire le cadre du coaching et de la narrative nous guider. Le sens émergera de l’expérience.

Olivier ce mardi 28 décembre matin vous souhaitez « faire un point en continuité » :  Voir où on est ? Comment avancer ? Vous refusez le mot « objectif » et cette « course à la productivité ». Vous refusez de reprendre le « jargonnage » et « l’enfermement dans une solution ». Vous prenez position et choisissez d’évoquer « ce qui vous excite aujourd’hui ». Nous partons donc en voyage dans cette direction.

« Ce qui m’excite aujourd’hui »

Faire le lien avec la dramaturgie dans le cadre d’un projet d’intervention dans une Master Class organisée à l’automne 2017 avec Isabelle et Nicolas, vos formateurs.

« L’externalisation est une idée très puissante. » Cela vous fascine de l’entendre nommer car cela fait le lien avec des éléments de dramaturgie, pas seulement la littérature mais aussi le cinéma qui offre cette expérience du « bigger than life ». On sait que c’est de la fiction mais on va être capable d’expérimenter quelque chose de plus vrai que la vie Une « image au cinéma peut tout dire de notre existence », au-delà du contrat de lecture, du vrai et du faux. La fiction est une formidable externalisation, un outil de résolution de conflits. Il y a des vertus thérapeutiques dans le processus de fictionnalisation. Dans les pratiques narratives, il y a une perpétuelle incitation à un récit.

Vous prenez position : « Il est urgent qu’il y ait un lien de fait entre les choses ». Vous souhaitez apporter votre « petite contribution » dans l’espace de proposition qui vous a été faite publiquement. « Il faut prendre la balle au bond »… Vous percevez cette proposition comme « une opportunité pour le contenu » (une opportunité de faire avancer « un travail intellectuel démarré il y a quelques années », « réactiver des choses laissées en suspens et qui n’avaient pas abouties) et « un outil-porte d’entrée » qui permettrait de vous positionner, de vous faire connaitre et qui pourrait ensuite devenir une carte de visite pour vous présenter ailleurs. Ce serait aussi pour vous « une façon gratifiante et valorisante de s’inscrire dans la communauté des praticiens narratifs ».

Pour vous, Il s’agit d’être un passeur :  » La qualité de l’attention à l’autre est une forme d’amour qui ne se dit pas comme telle et cela se transforme en ressource ».

Déconstruire des histoires problématiques

Une deuxième intuition vous habite. « Les pratiques narratives dans le cadre d’une ville et qui ferait écho à un besoin de la ville de redorer son image ». LH doit sortir du processus d’autodénigrement et s’inventer un autre récit. Cette ville presque sinistrée vous semble avoir besoin d’un autre récit sur elle-même (à travers de ces moments d’exception) afin de sortir du processus d’autodénigrement relayé par nombre de ses habitants. Le projet serait de proposer à la ville « une approche participative et citoyenne pour co-écrire un nouveau récit pour la ville ». Ce projet pourrait être l’occasion de donner la parole à des gens qui n’ont pas l’habitude de l’avoir.

Une autre intuition/envie vous habite. Un endroit où  vous pourriez intervenir à double-titre  : journaliste et praticien narratif-travailleur social. Un projet avec 15 jeunes qui vont pendant 6 mois travailler sur un projet de journal numérique. Les pratiques narratives y joueraient un rôle important.  » Aider les gens à dissoudre leur problème par le récit qu’ils en font ». Vous évoquez ce projet comme un « challenge passionnant » qui permettrait d’illustrer comment les pratiques narratives peuvent intervenir dans la déconstruction des histoires problématiques.

Comment avancer ? Nous évoquons vos envies pour la suite : « Une conférence aboutie » (Du discours + des images)… Une rémunération ( « Tout travail doit êre rémunéré »). De la reconnaissance financière + la puissance de l’expérience du passeur.

Vos prochaines étapes :  Le projet pour la Ville avec votre compagne. Le projet pour l’association dans une approche « solidaire ». L’élaboration d’une offre de coaching en entreprises en individuel puis en collectif dans un second temps selon les besoins.

Poursuivre ces chantiers qui se présentent à vous. Poursuivre ce voyage, l’expérimentation vivante de ce voyage. Exploration- Alchimie-Transformation- Cohérence. « Je me sens voyageant. A cœur des pratiques narratives, au cœur de la vie. Avec cohérence ». « Je peux m’inscrire dans une relation aidante pour les gens »… « Pouvoir aider l’autre à découvrir cet accès possible à cette cohérence »… Multiplier ces moments privilégiés « Une sorte d’état de grâce  où je sens que je suis traversé par une une puissance supérieure »…

 

6 janvier 2017

Bonsoir Olivier,

J’ai bien pris connaissance de votre projet de conférence sur les liens entre les pratiques narratives et la dramaturgie. Je me suis mise de la coach-praticienne narrative qui viendrait assister à cette conférence pour vous faire part de mes impressions et propositions. Sentez-vous libre de ne retenir que ce qui résonnera positivement pour vous.

Ce que j’ai apprécié :  Les citations, leur éclairage sur les intentions sous-jacentes aux pratiques narratives. La variété des auteurs cités (Michael White, Alice Morgan, Paul Ricoeur, Derrida). Les thématiques que vous envisagez d’évoquer (les règles de base de la dramaturgie, le lien entre le récit et la réalité, le plaisir du récit, l’ombre des mots,….).

Mes envies, propositions et questionnements : Le récit en tant qu’espace de résistance et d’expérimentation de l’espoir ; l’espoir qui nourrit la mise en mouvement. Que la conférence soit-elle-même une expérience narrative, une histoire qui s’écrit collectivement. Que le conférencier soit peut-être le héros de l’histoire et qu’il y ait des éléments autobiographiques  : Comment le héros découvre la dramaturgie ? Quelle compréhension en a-t-il ? Qu’est-ce que la découverte des pratiques narratives à apporter à l’écrivain-journaliste-scénariste ? Quelles nouvelles compréhensions aujourd’hui ?

Des références d’ouvrage pour aller plus loin (Comment les histoires nous façonnent?, etc…). Quelle différence et quels liens avec la dramathérapie, le psychodrame psychanalytique ? Qu’aimeriez-vous que l’on ressente à l’issue de cette conférence ?Qu’aimeriez-vous que l’on se dise à l’issue de cette conférence ? Qu’aimeriez-vous que l’on fasse à l’issue de cette conférence et qui serait la bonne suite de l’histoire ? Comment invoquer lors de cette conférence ces différents personnages que sont « le praticien narratif », « le client », « le témoin extérieur », « le journaliste », « l’écrivain », « le scénariste », « le réalisateur », « l’acteur », « le spectateur » etc.

Et si ce n’était pas une conférence, qu’est-ce qui deviendrait possible ? Comment ?

 

 

 

 

 

 

Conversations avec J

IMG_7810

Allez, allez… Contextualisons (un peu)

J – jeune homme de 19 ans – Qui ne va pas trop bien mais pas si mal quand même… Il est dans un moment de rupture, de réflexion et de grand changement.

 Première conversation du 24 janvier 2017

Je propose à J de trouver lui-même ce sur quoi il voudrait travailler.

Il dit : « Qu’est qui me plaît vraiment ? Qu’est-ce que je pourrai faire pour moi (et pas forcément en référence aux autres) ?

Je lui demande de me raconter où il en est aujourd’hui. Il a choisi de faire des études de commerce, a fait une première année brillante sur le plan des résultats (deuxième de sa promo) mais a décidé cette année de tout arrêter. « Ces études, c’était un choix par défaut pour les voyages et le bon train de vie », dit-il.

Je lui demande de me préciser le problème auquel il se trouve aujourd’hui confronté.

« C’est plutôt un obstacle intérieur, ma peur de ne pas plaire… Je me suis senti pris au piège dans un système de dominos. Au bout du dernier domino, il y a eu la clinique où j’ai demandé à rentrer pour me faire soigner et lutter contre mon état de renfermement, ma paralysie intérieure et mes crises d’angoisse ».

Je lui demande alors de nommer le problème. « Spectros » dit-il sans hésiter.

Je lui demande de me le décrire, lui disant que j’aimerais faire sa connaissance. « C’est un peu comme un spectre, une ombre assez pesante. Il fait comme s’il disparaissait parfois, mais il revient à la charge dès qu’il voit une faille. Son objectif ? Ne pas me laisser prendre les bonnes décisions « .

Je lui demande de me décrire les effets de « Spectros » sur sa vie.

« Il me met dans le doute. Dès que je crois tenir une certitude, il la démolit. Du coup, j’ai tendance à suivre les idées des autres… C’est moi l’ange et lui le démon. Et le plus souvent, c’est lui qui prend le dessus ! ».

Je demande à J s’il peut me raconter un moment où il a pris le dessus sur Spectros…

«  Il est moins présent dans certains moments… Quand je fais du sport par exemple… Si je lis un livre, il parvient à me déconcentrer et me ramène à des pensées parasites. Il m’empêche souvent de vivre le moment présent ».

Je demande à J quel pourrait être le crédo de « Spectros » ?

« Fais attention à tes faits et gestes »… « Sa présence a des effets négatifs sur ma vie sociale, parfois cela m’empêche de (re)contacter des gens… Heureusement, c’est différent avec les personnes avec qui je suis en confiance ».

 

Je continue à questionner J sur les effets de « Spectros » dans sa vie…

« Il arrive souvent avant que je fasse quelque chose ou que j’aille rencontrer des amis… Avant, il me rappelle les trucs à faire… Après, il me montre ce qui n’a pas été bien fait… Sur le moment, il intervient notamment s’il y a un petit couac dans la soirée en me disant que je suis débile, que je pourrai faire mieux, il m’installe dans un système de comparaison forcément négatif.

C’est un travail de sape assez usant… Fatigué par cette observation permanente, je baisse souvent les bras et fini par fatalisme à être d’accord avec lui ».

Je poursuis mon questionnement et continue à rechercher des moments d’exception…

J évoque une situation récente où il avait RV avec une personne inconnue et où il s’est senti « sans barrière, avec l’esprit libéré ».

Je lui demande comment il a fait pour réussir à déjouer « Spectros » ?

« Je me suis posé… Je me suis concentré sur ma respiration, j’y suis allé sans pression ! » dit-il ajoutant aussitôt : « Mais il est malin et perfide, car il arrive à me faire rejeter et me faire oublier ce qui marche bien pour moi ».

 

Nous arrivons au terme de cette première conversation et je demande à J ce qu’il a retenu de cette première expérience…

Il me dit que cela lui a fait beaucoup de bien de sortir Spectros de lui, de le voir comme un personnage extérieur, « de pouvoir le regarder autrement que comme un cancer qui prend le contrôle d’une partie de moi et me phagocyte, m’empêche d’être moi-même ».

 

Deuxième conversation

Je demande à J s’il a eu de nouvelles idées pour contrer « Spectros » depuis que nous nous sommes vus.

J fait référence à une série d’anticipation qu’il a regardé la veille et qui montrait une société où tout le monde se notait en permanence. « C’est comme si je me notais toujours. Et si je ne suis pas au top, « Spectros » débarque aussitôt ».

Je lui demande de me redire comment il avait fait pour prendre le dessus sur « Spectros » lors de ce rendez-vous qui s’était très bien passé…

«  J’utilise une technique de gestion de stress apprise lors de mon séjour en clinique… Je me pose… Je me concentre sur ma respiration… ».

 

Je demande à J quels sont ses rêves du moment ? (L’objectif est d’étoffer le récit pour bâtir une nouvelle identité narrative).

« Envie de croire en mon rêve de faire de la comédie musicale, envie de ne pas m’arrêter au premier obstacle… Envie de prendre plus soin de moi sans trop chercher à faire plaisir aux autres… Envie de passer de l’invisible au visible… d’être moi-même, d’être naturel… M’assumer tel que je suis… sans me préoccuper constamment du regard des autres, sans faire systématiquement mon autocritique ».

Je lui demande de me décrire ce qu’il aimerait mettre en place pour accomplir son rêve… (J s’est inscrit à des stages de théâtre et de chant et devrait passer une audition pour être admis l’année prochaine dans un cours de comédie musicale qui fait référence).

Il me raconte cette première réunion d’information où il a été récemment et qui lui a donné envie d’aller plus loin, il me parle de son désir d’appartenir à une troupe… Avec impatience et sans stress, il dit attendre le début d’un premier stage en février pour « faire quelque chose de plus vivant ».

Je continue de le questionner sur le même thème. Ses objectifs ? Bien préparé son audition, être détendu dans sa tête, se remettre au sport (il a pour l’instant un souci au genou (je-nous ?))…

Il envisage avec confiance la perspective de ces 3 ans de formation pendant lesquels il espère pouvoir se faire repérer pour intégrer une comédie musicale… Peut-être même en anglais pour pouvoir voyager au Royaume Uni, aux USA et ailleurs… Il me parle d’une diversification possible aussi dans le cinéma ou la chanson, de la possibilité de faire une belle rencontre amoureuse…

 

Je lui demande quelles seraient les qualités nécessaires pour mettre en œuvre son rêve ? Sans trop d’hésitation, J établit une liste : travailler dur, être passionné et enthousiaste, avoir l’esprit d’équipe, faire preuve d’adaptabilité et d’ouverture d’esprit en acceptant les différences.

Je continue à le questionner pour trouver d’autres qualités/valeurs… Après un temps de réflexion, il ajoute à sa liste le « lâcher prise », une qualité très importante mais pour lui la plus difficile à atteindre…

La conversation du jour arrive à son terme… je lui demande ce qu’il retient surtout de notre conversation… Il dit : « Arrivé à avoir des pensées positives, à rester optimiste, à croire en moi…

« Lucky for lucky », conclut-il.

 

Troisième conversation

Après être revenu sur la conversation précédente, je propose à J un exercice pour redevenir auteur de sa vie. Et de garder un temps pour dresser un plan d’actions.

Je lui demande quelles qualités il lui a fallu pour se rendre à cette réunion d’information et suivre son rêve…

Il se reconnaît une forme de courage comme qualité… le courage d’abandonner ce qui était préétabli (le cursus de l’école de commerce, etc.), le courage de recommencer autre chose ; le courage de prendre des risques. Il lui a fallu une autre forme de courage pour aller se faire soigner dans la clinique où il est resté près d’un mois… Du courage encore pour accepter que ça n’allait pas bien malgré les très bons résultats scolaires et de tout arrêter pour mieux recommencer.

Je lui propose de nommer ce moment. Il choisit l’expression « un nouveau départ »… plutôt que « sensation d’avancer » ou « renaissance ».

Je continue à le questionner sur les valeurs liées à ce « nouveau départ »… « Le partage, le vivre ensemble, l’épanouissement personnel » dit-il. Il confirme son intention de faire plus de sports et de (se) créer un cercle vertueux (plutôt que vicieux).

Dans le temps qui nous reste, je lui propose de construire ensemble un plan d’action qui va pouvoir l’aider dans les semaines à et mois à venir.

– Sortir plus, voir du monde, « reprendre des soirées »… se constituer un nouveau réseau… faire partie d’un groupe à part entière…

– Trouver un petit boulot (hôte pour évènements via des agences spécialisées).

– Envisager une colocation un peu plus tard (il habite encore au domicile familial), « Idéalement avec quelqu’un avec qui j’en aurai envie »…

– Faire de la méditation… « Une amie m’a parlé de la possibilité d’intégrer un groupe »…

– Faire du sport avec d’autres gens. « Chercher la bonne fatigue ».

 

Pour conclure notre travail de 3 jours, je lui demande de dresser à chaud un premier bilan assez positif. J  détaille ses envies :

– Me remettre les idées en place

– Me conforter dans mes propres choix

– Retrouver qui je suis, naturellement

– Me recentrer autour de ma vie et de mes besoins

– Mettre de côté les mauvaises choses (pour moi)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conversations avec A (suite de la suite…)

IMG_7793

« Qu’est-ce qu’il ne me dit pas de ce qu’il est en train de me dire » ?

Comme d’habitude, je demande à A ce qu’il y a de nouveau depuis notre dernière conversation…

Il revient sur les notions de temps et d’espace… : « Le temps est pour moi une déperdition constante de matière (image du sac de grain). La fonction de mon journal est de ralentir l’hémorragie… C’est aussi la mission d’une œuvre d’art que d’arrêter le temps… L’espace ? ; j’ai toujours eu du goût pour les femmes étrangères. Peut-être fallait-il aller chercher loin l’objet de mon désir comme pour déplacer l’espace ? Venant d’Abidjan où j’avais vécu mon enfance, les françaises me semblaient exotiques. L’éloignement de l’espace pourrait-il permettre un rapprochement dans le temps ? Sortir avec une étrangère pourrait être alors compris comme une tentative de ralentir le temps, peut-être une façon de réparer la perte de ma mère, premier objet de mon désir… ? ».

Je l’interroge sur le devenir de la petite histoire qu’il a accepté d’écrire.  Il en a déjà écrit 3 pages (manuscrites) qu’il va me lire plus tard : « C’est facile de dessiner un début mais il me manque la fin »… « La fin c’est la mort de qq chose »…

Nous nous mettons ensuite d’accord pour se donner un nouveau cadre de travail avec de 3 à 5 conversations supplémentaires exclusivement consacrées à son roman.

Pour la première fois, je le questionne directement sur le contenu. Il me décrit la structure narrative divisée en 3 parties dont un préambule (qui pourrait prendre de l’ampleur). une partie centrale (partiellement écrite) et une fin ouverte…

Son ambition ? Rendre compte d’un monde révolu mais auquel il est attaché affectivement… Apporter différents axes de réflexion à l’héritage laissé par cette époque.

Je le questionne ensuite sur son personnage principal (le narrateur) et les personnages secondaires notamment féminins (les plus nombreux…).

Nous parlons ensuite de son titre (provisoire ?) et listons les questions demeurées en suspens (faut-il ou non nommer les personnages et les lieux, etc… ?).

Sixième conversation

Depuis notre dernière séance, A  a écrit la petite histoire demandée… « Je suis un gars loyal, j’ai obéis au contrat… Peut-être aussi suis-je en recherche d’assentiment (de sentiment ?). En tout cas,  j’ai réussi à écrire facilement grâce à cet aiguillon. Cette fois, je suis passé au traitement de texte… que j’ai trouvé finalement plutôt agréable et qui permet un retour à l’objectivité, à la différence de l’écriture manuscrite dont la calligraphie personnelle montre bien qu’on ne s’adresse qu’à soi ».

Pour préciser le nouveau cadre de notre travail, je lui propose (sur les conseils de la coach qui me supervise) d’espacer nos conversations de façon à laisser de l’espace à l’écriture.  A est d’accord et accepte aussi de lire à haute voix un chapitre de son roman (déjà écrit) lors d’une prochaine séance. Il est aussi Ok pour m’envoyer par mail des nouvelles parties de textes fraîchement écrites.

Je lui propose de dresser un bilan de nos 5 premières conversations… Il dit : « J’étais seul, je ne le suis plus avec toi. Tu as su créer un cadre rassurant où l’on ne fonctionne pas à l’affectivité… Il  y a moins de risques d’attentes déçues »…

A lit à haute voix plusieurs parties de la petite histoire qu’il a écrite. Il s’engage à lire la suite (déjà écrite mais pas tapée) et la fin (pas encore terminée mais déjà réfléchie) la prochaine fois.

Après le départ de A, je réfléchis et prends quelques notes. La petite histoire a fonctionné efficacement comme métaphore « externalisante ». On y retrouve sa pathologie (« une affreuse pression qui pendant des mois avait provoqué dans sa tête le sentiment angoissant d’être prisonnier »), un des freins identifié et choisi comme personnage principal (Mr Timide) et des figures tutélaires (ses grands morts inhibants) non nommées mais présentes dans le ciel (Balzac, Flaubert, Marguerite Duras…). Selon lui, « Dérobade » serait présente et difractée (à la manière de Satan) dans plusieurs personnages…

C’est un conte écrit avec un langage précis, presque précieux. A dit avoir fait le choix de cette forme pour la liberté et l’universalité qu’elle permet.

Je relis la partie de l’histoire laissée sur ma table et souligne quelques mots  : « Ah non pas du travail mais de la création »… (Opposition plaisir/souffrance ?).

« Cette fois, je dois impérativement me consacrer à ma tâche » dit son personnage principal !

 Septième conversation

A finit de lire le conte qu’il a terminé à l’arrache… : « Parfois je me réveille à 4 h du matin et je note les idées de la journée »

D’évidence, ce petit conte a fonctionné comme une allégorie du « grand récit » (son roman)… Nous faisons le parallèle entre le micro et le macro.

A dit qu’il n’éprouve nullement l’angoisse de la page blanche  ; Il crée par ajout. Pour le roman, il compte étoffer la partie centrale déjà écrite et rajouter une intro.

Nous évoquons à  nouveau Roland Barthes, figure tutélaire non soutenante (impuissance à écrire son propre roman).

Nous nous donnons des objectifs pour la prochaine fois : lecture d’un chapitre important, écriture du synopsis et établissement d’un planning intégrant le principe d’une conversation toutes les trois semaines.

Nous revenons ensuite sur le roman  : sa logique de symphonie sans intrigue, son genre, son volume et ses registres.

Nous nous arrêtons ensuite sur « le noyau dur » (point central divisé en plusieurs chapitres) et évoquons les questions sur la ligne chronologique.

 

Huitième conversation

A lit un chapitre de son roman… Il m’a également envoyé le synopsis que nous détaillons ensemble… Nous nous attardons ensuite sur l’établissement d’un planning d’écriture.

Au terme de cette conversation, A accepte de poursuivre notre travail. Notre collaboration intégrera une conversation (rémunérée) toutes les trois semaines et des échanges par mail selon ses besoins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conversations avec A (suite)

IMG_7780

« L’externalisation est une idée très puissante. »

« Le problème n’est pas la personne – La personne n’est pas le problème ».

 

Je demande à A ce qu’il a pu  se dire sur le début de notre travail…

Sa réponse : « c’est stimulant, je suis en posture de curiosité qui m’ incite à continuer… Je crois que cela va me permettre d’avoir une vision globale de mon roman… Cela relance ma créativité ».

Je le questionne sur son état d’esprit du moment

Sa réponse : « Je suis en phase de convalescence mais je retrouve les appétits perdus. Lors de nos conversations, je me suis rappelé le mot d’Histrion (cabotin, imposteur), mot utilisé par R Barthes pour qualifier le diariste.

Le journal c’est faire qq chose avec une mauvaise conscience même si je sais que sous sa forme actuelle il pourrait intéresser des lecteurs.

Je manque de souffle… Il en faut pour écrire un roman (le souffle court suffit pour un journal). Il me faudrait de l’endurance…

Je lui propose d’évoquer quelqu’un de soutenant qui a joué un rôle déterminant…

A évoque un professeur d’université très brillant (donc très légitime) qui me disait : « vous écrivez bien vous ! ». A l’époque, je me disais : « J’aurais un destin d’écrivain… C’est la plus belle chose du monde ».

B a visiblement pris goût à nos conversations.

Je propose à B d’écrire une courte histoire avec Dérobade, Timidité, et Histrion (lui ?) comme personnage principal. A la manière d’une pièce de théâtre (avec bcp de dialogue)

Il accepte mais me dit que son temps est très occupé. D’après lui, son énergie est prise par ce travail d’élaboration et l’éloignerait de la création littéraire. (nouvelle excuse ?). A l’inverse, la préparation de ses cours l’aide à se forger des idées, des concepts… dont certains pourraient se retrouver ds le roman. A l’exemple de son concept de deux postmodernité, l’une d’acquiescement (OK avec l’héritage de mai 68), l’autre critique (réactionnaire ?).

Nous discutons sur la notion de contradictions excluantes… si je fais cela alors je ne peux pas faire ceci… Je trouve que B se place souvent ds ce type de système fermé. (cf. le peu de valeur qu’il accorde à son journal).

Je le questionne sur son plaisir à exercer sa profession. A relate ses différentes stratégies pour capter l’audience et pour intéresser sa classe. Son plus grand plaisir est de pouvoir faire revivre des personnages…« Je sers la déesse de la littérature. Transmettre c’est inculquer le respect de ce qui te dépasse, sortir de son cadre. Je me donne la possibilité de transmettre l’héritage de la littérature et la vérité qu’elle délivre sur la vie ».

Je reviens ensuite sur le « manque de souffle » dont il a fait état pour expliquer sa difficulté à écrire un roman.

Sa réponse : « Je n’ai pas de désir assez puissant, il faudrait être capable d’avoir un travail régulier, d’être sur « le chemin laborieux »… Je connais la méthode mais je ne l’ai jamais appliquée en matière de création. Je suis plutôt versatile et me complets dans la logique de la cigale en ayant la sensation de « flatter un travers ». Peut-être est-ce pour me dérober aux lecteurs et éviter par orgueil de m’exposer à un regard critique ? j’éprouve plus de facilité d’écrire pour qqun, des textes « cadeaux » ou des textes pouvant séduire…

Je lui demande de me raconter une histoire dont il a été acteur mettant en scène une qualité favorable à la création.

A raconte la conférence qu’il a donnée en avril 2015 sur le pouvoir de la littérature. Il évoque son aisance, le « plaisir fou » lors de la préparation qui rassemble plusieurs années de méditations, revient sur les félicitations post-conférence de ses collègues « faites avec beaucoup de sincérité » et vante l’originalité de son point de vue, sa faculté d’improvisation, son ton vivant et drôle, sa fluidité orale. la sensation enivrante de se sentir comme un athlète bien entrainé (par ses cours).

Mais à sa fluidité orale, il oppose sa difficulté à écrire. Reconnaissant pourtant qu’il doit bien y avoir un lien possible avec la création littéraire…

Je pose la question du lien avec les autres…

A semble interloqué… « L’oral c’est la jouissance immédiate… L’écrit : un retard de la jouissance, un exercice plus déceptif » dit-il.

A ma demande, A a accepté d’écrire une courte histoire avec Dérobade, Timidité et Histrion (lui ?) comme personnages principaux

Nous nous mettons d’accord pour prolonger le cadre de notre travail et pour questionner prochainement la structure narrative et les thématiques de son roman en devenir.

 

Après le départ de A, je note ma difficulté à me cantonner dans une posture décentrée, presque inverse de la position du journaliste qui cherche à pousser l’autre dans ses retranchements.

Je constate que je me suis laissé aller à parler de moi. Je me demande aussi si A n’est pas dans la séduction avec moi (un de ses sports favoris) et comment cela pourrait nuire à l’avancement de notre voyage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La deuxième conversation avec A

IMG_7757

« Un sujet se reconnaît à l’histoire qu’il se raconte à lui-même sur lui-même »

(Paul Ricoeur)

Conversation avec A du 7 novembre 2016 

Retour sur la première conversation 

Moi : Qu’est-ce qui a été aidant  ?

A : « On construit en commentant. J’ai réfléchi à un certain nombre de choix pour mon roman : l’utilisation du présent, être davantage dans la narration plus que dans le commentaire ».

Je reviens sur la (longue) pratique du journal intime.

A semble fortement influencé par le jugement (assez négatif) de R Barthes sur cet exercice qu’il a pratiquement lui-même (avec talent).

« Le journal épuise mon désir d’écrire… en fixant le temps, il a la fonction conservatoire d’arrêter le temps qui passe ».

Dans un journal intime, il y a un côté invertébré, fourre-tout, mélange des genres bien loin de la rigueur réclamée par le récit romanesque ».

Sur mon insistance, A concèdera un peu plus tard que le journal intime peut servir aussi de « laboratoire romanesque »

Je reviens ensuite sur  la « Dérobade » (nom qu’il a donné à son problème) en lui proposant de traiter « Dérobade » comme un personnage de fiction et de le construire comme tel sous forme de jeu.

A ayant commencé à écrire dès l’âge de 14/15 ans (1974) – il date son premier récit de 1977 -, « Dérobade » aurait donc 35 ans… Elle est sournoise, pleine de fausses excuses… Elle lui a fait aimer les plaisirs mondains, le sport et tous les plaisirs qui l’ont éloigné de la création littéraire.

Je note quelques informations « soutenantes »  : dès l’âge de 25 ans, on a dit de A qu’il était une « bonne plume » En 1985, son journal prend plus de consistance et devient un laboratoire pour s’essayer à différents genres de récit.

Nous continuons le travail sur le personnage de « Dérobade » et A reconnaît que les intentions de « Dérobade » sont paralysantes et inhibantes. Ce qu’elle se dit : on peut avoir facilement B par le plaisir où « l’aquoibonisme » (pourquoi faire l’effort de l’écriture ?). Quel serait le projet de « Dérobade »? « Que je n’aboutisse jamais », répond-il.

A parle facilement… Je note les éléments les plus importants de la conversation. Il dit : « Le problème n’est pas de commencer mais de… continuer ! C’est plus facile pour moi d’avoir l’agrégation que d’écrire un roman. Je suis souvent dans un ping-pong imaginaire où je me dis que ce serait bien d’écrire ne serait-ce que pour faire plaisir aux gens qui me soutiennent. Je ne suis pas paresseux… Je bouillonne d’idées… Aujourd’hui, c’est le moment où jamais…  En raison de ma douleur physique, je suis privé de beaucoup d’alibis … Et je suis en pleine possession de mes moyens intellectuels ».

Je continue à chercher des moments d’exception : il me parle de deux grands événements survenus à l’âge de 32 ans : la rencontre de sa future femme (berlinoise) et la mort de son frère. A s’investit alors plus dans l’écriture… Il parle de son plaisir à lire et à écrire dans ces moments de solitude… De son début de roman (près d’une centaine de pages manuscrites) repris il y a 5/6 mois… Il dit : « Aujourd’hui, j’ai plus confiance dans mes capacités ».

Las, depuis 3 mois, il n’écrit plus « à cause d’une douleur physique non traitée et assez invalidante »

Je le questionne sur le plaisir du texte. Il mentionne l’écriture d’un « texte cadeau » écrit pour sa femme qui fait revivre sa grand-mère, de son plaisir de « démiurge » et de la capacité de l’écrit de faire échec à la disparition. Il mentionne aussi une nouvelle  sur la peur de la mort écrite à l’occasion d’un problème qu’il croyait grave à l’œil… « J’ai imaginé un dialogue avec mon frère » (déjà décédé).

Je le questionne ensuite sur les effets de « Dérobade » sur sa vie : « Cela me ramène à ma timidité restée intacte dans certains domaines de ma vie. C’est un des masques  de « Dérobade » alors que, par exemple, je suis très à l’aise dans la prise de parole en public. Il envisage que « Dérobade » soit peut-être le porte-voix de ses parents issus d’un milieu populaire (mère institutrice)… « Ils n’avaient aucune fantaisie et aucun goût pour le récit… J’ai le sentiment d’avoir eu une enfance crépusculaire alors qu’une amie qui m’a connue jeune me dit que j’étais lumineux… Mon frère et moi avions une vivacité/originalité qu’ils n’avaient pas ».

En fin de conversation, A me confie qu’au traitement de texte, il préfère l’écriture manuscrite.

Je lui demande ce qui pourrait être aidant pour la suite de notre travail.  Il aimerait trouver un lecteur à la neutralité bienveillante et évoque une personne qui l’encourage beaucoup.

Après le départ de A, je relis mes notes et me dis que la douleur physique dont il se plaint peut tout à la fois lui servir d’excuse pour ne pas écrire mais aussi lui permettre de se débarrasser de certains de ses dérivatifs habituels (sport, etc…) à l’écriture…

Je constate que l’exercice d’externalisation sur « Dérobade » a fait émerger « La timidité », bien cachée sous d’autres masques.

J’ai envie de proposer à A d’écrire une courte histoire avec  « Dérobade » , « Timidité » et lui comme personnages principaux.

Je me demande à quel moment devrais-je ou non accepter de devenir lecteur ? (Si A le propose)

Je trouve aussi qu’il a beaucoup été question de la fonction conservatoire de l’écriture (faire échec à la disparition) ; Pour A, l’écriture permet d’arrêter le temps, de faire revivre les disparus… de refaire lien…

Comment s’en servir pour donner envie à A de ne pas céder aux sirènes de « Dérobade » et de  « Timidité » ?

 

 

 

 

 

 

La première conversation

IMG_7791

Allez allez… Contextualisons (un peu)

Une paire de fauteuils rouges en cuir… Une petite table japonisante… Une chambre d’amis avec vue panoramique sur la ville et sur la pendule de la Mairie…

Un premier client… décidément non je n’aime pas ce mot qui nous ramène à la dimension commerciale d’un échange qui ne l’est pas…

Comment le dire autrement alors  ?  : un patient (non ça fait psy ou docteur)…

Pour l’instant, je préfère dire : une personne qui vient me voir…

 

Comment qualifier notre échange ?  : Une séance (non ça fait trop coach ou psy)

Pour l’instant, je préfère dire : une conversation… (tout simplement)

 

Alors cette première personne qui vient me voir ? Appelons le A puisque c’est le premier…

Il est professeur de lettres modernes… Il porte beau… il s’exprime avec une grande facilité et manie avec un  bonheur évident la langue française.

Il vient me voir parce qu’il aimerait écrire et finir un roman… C’est moi qui lui ai proposé d’expérimenter gratuitement (pour commencer) les pratiques narratives…  avec lui comme narrateur et moi comme praticien…

Après quelques jours de réflexion, A m’a donné son accord.

 

Première conversation. 

Nous voilà assis en face l’un de l’autre le 4 novembre 2016  pour une première conversation.

Depuis 30 ans, il écrit  un journal  qui selon lui n’est pas de la création littéraire. Il dit avoir plusieurs romans en chantier.

Et pourtant, il est « empêché » et ne parvient pas à terminer : ‘Toujours des départs et pas d’arrivée »…

Il dit : « Et pourtant, je connais la méthode… il faut de l’autodiscipline pour devenir « un travailleur de l’écrit »… j’ai du mal à m’y mettre… je suis inhibé par la mise en forme littéraire ».

Pour lui, l’écrit – à la différence de l’oral, un exercice où il brille – représente un effort difficile et potentiellement déceptif. Il est traversé par le doute.

 

Je lui demande de décrire les freins qui l’empêchent de mener à bien son roman et le détourne de la création littéraire qu’il appelle de ses voeux.

Sans grandes difficultés, il liste ses différentes « fausses bonnes » excuses :

– Le sport et la jouissance qu’il entraîne avec sa dose d’endorphine.

– La séduction : le besoin de plaire…

– Les questions sur sa légitimité : son origine modeste ( j’apprendrai tout de même que sa mère était prof), sa vive admiration des grands morts ; avec au premier rang, Blaise Pascal dont il partage le goût pour l’analyse psychologique consistant à penser que l’individu serait essentiellement gouverné (aveuglé ?) par la vanité (reproche implicite fait-à lui-même ?).

– Le doute sur son talent : et pourtant il a reçu très tôt nombre d’encouragements et de jugements favorables de personnes légitimes à ses yeux (une sommité prof d’université, un copain normalien littéraire accompli).

– Le contenu  : que vais-je bien pouvoir raconter d’intéressant  ? Il dit : « Tous mes sujets sont autobiographiques, j’ai un rapport passionnel avec mon passé, depuis que je suis petit, j’ai la hantise de la perte… »

 

En fin de conversation, nous nous mettons d’accord sur le cadre de notre travail : la durée des conversations (environ 1 heure), leur fréquence (1 fois par semaine) et leur nombre (5 pour commencer ).

Je lui demande de préciser son objectif .  Je le préviens que nous allons dans un premier temps décrire les freins à sa création pour essayer de les lever avant de nous intéresser au contenu du roman.

Il veut écrire un roman « générationnel » dont le sujet est un voyage effectué en 1977 à travers l’Europe, seul et avec des amis.

Ses thèmes : Amitié, amour, abandon, aguerrissement… Ses lieux : LH (au début du livre), les voyages en train, la Méditerranée, la Grèce/rapport à l’hédonisme…

Il a déjà commencé ce roman (près de 60 pages ?) qui se voudrait naturaliste (pour la reconstitution de la fin des années 1970) mais qui témoignerait de son rapport ambigu avec l’héritage de mai 1968.

Il parle de son roman avec passion et me dira en fin de conversation que c’est le moment qu’il a le plus apprécié dans notre échange…

 

Je le questionne ensuite sur la forme littéraire envisagée. Ce sera un roman écrit à la première personne du singulier et au temps présent à travers le regard de K, le narrateur.

Je lui demande de nommer le problème qui freine son écriture… A fait plusieurs tentatives avant de choisir « Dérobade » : vis-à-vis de lui-même et du don donné par Dieu que serait son goût pour l’esthétique des récits.

Poursuivant le déroulé d’une des cartes des pratiques narratives, je lui demande de cartographier les effets du problème. Pas de retombées négatives sur sa vie professionnelle  (il est professeur de littérature)… Sur sa vie personnelle, il mentionne ‘la sensation d’un manque très prégnant, la culpabilité et la peur de décevoir certains proches »…

 

La conversation arrive à son terme… je me détends et par contraste sens bien à quel point j’étais contracté pour cette première, assez accaparé par les notes à lire ( les cartes des pratiques narratives) et à prendre, l’heure à surveiller pour tenir la conversation dans le temps imparti et se garder un moment de « feedback » pour la fin.

J’ai repéré pas mal d’échos avec ma propre situation et mes propres freins par rapport à la création littéraire. Je sens bien qu’il faudra me garder de projeter et veillez à respecter son rythme.

J’ai été un peu décontenancé par le cadre souhaité par A : pas plus d’une heure d’entretien, 5 séances (ce qui m’a paru peu). J’ai accepté sans chercher à négocier. Accepté (et plutôt flatté) aussi de sa volonté de se revoir dès le lundi suivant en dépit de la fréquence fixée (par lui) à une semaine…

La suite ? lors de la prochaine séance, j’ai envie  de commencer à identifier des moments d’exception… là où les freins ont un peu lâchés leur emprise..

De lui faire raconter une histoire agréable en lien avec la création littéraire. Et plus tard de revenir sur des personnages influents l’ayant encouragé dans son écriture.