Stage de scénarios (synthèse théorique)

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Stage de scénario (Aleph/André Chauchat)

1) La composition d’un dossier

Elle varie suivant ses destinataires

Pour les systèmes de production et les aides à l’écriture, le dossier doit comprendre généralement :

Un synopsis (de 1 à 30 pages)

Une note d’intention (1 page)

Un scénario

Pour l’équipe de production, le réalisateur et l’équipe technique le scénario qui permettra de faire le découpage (plan par plan) peut être complété en annexes par des fiches de personnages, des fiches de décors, etc.

Le synopsis 

Rédigé dans un style agréable, le synopsis est un résumé du scénario intégrant ses actions les plus importantes. Placé en début de dossier, sa vocation première est de susciter l’intérêt et de donner envie.

La note d’intention

Très délicate à rédiger, elle doit exposer le but du film (impact souhaité sur le spectateur), les intentions de ses auteurs (pourquoi je veux faire ce film) et énoncer le cas échéant certains partis pris formels de réalisation (image, son, casting, effets spéciaux, etc.).

 

2) Présentation d’un scénario

Présentation d’une séquence dans un scénario

Titre/nom (correspondant à la dramaturgie)

Précision du décor (du lieu de l’action)

Effet lumière : jour, nuit, aube, soir

Précision sur la place de la caméra : intérieur ou extérieur

Le minutage

La convention admise est qu’une page égale une minute filmée.

Il est possible de déterminer son propre minutage (un chiffre rond) en le précisant au préalable.

Les décors

A condition qu’elle ne dépassent pas quelques lignes, les descriptions des lieux se font en début ou en cours de séquences.

Si les descriptions des décors méritent d’être plus approfondies, elle doivent figurer en annexes (fiches des décors).

 

3) Le scénario (généralités)

Qu’est-ce que scénario ?

Le scénario est l’ensemble des séquences dialoguées placées dans leur continuité.

Faire un scénario, c’est choisir une histoire et la manière de la raconter.

 Contrairement à la littérature, l’écriture de films et de théâtre impose la lecture (image, rythme, etc.). Le spectateur va-t-il pouvoir suivre ?

L’écriture d’un scénario oblige à une gymnastique permanente de visualisation de l’image dans le cadre (in) et le hors cadre (off), autrement dit ce qui est dans le champs et ce qui est hors champs de la caméra.

Le récit se fait au présent de l’indicatif (à la place du spectateur)

Le style doit être précis, clair et sans effets (de style).

 

4) Quelques définitions

 Une séquence

Pilier porteur du film, la séquence est une suite de plans ayant un principe d’unité.

Une séquence peut être définie en fonction des décors ou de l’action.

Le scénariste organise les séquences en fonction de la chronologie et peut questionner leur ordonnancement pour trouver leur juste place.

Un plan

C’est tout ce qui est enregistré sur la pellicule depuis le « moteur /caméra » jusqu’au « coupez/arrêt » indications données par le réalisateur lors du tournage.

La dramaturgie

Née avec le théâtre antique des grecs et théorisée par Aristote, la dramaturgie pose les bases de la structure narrative qui s’articule autour de quelques principes simples :

Définir un objectif pour le personnage principal

Les obstacles rencontrés par le personnage principal pour atteindre son objectif vont générer des conflits qui demanderont une résolution.

Ces obstacles peuvent être constitués par des éléments extérieurs (circonstances ou autres personnages) ou par un conflit interne au personnage.

Le récit

L’histoire et le choix de l’auteur sur la manière de la raconter constitue le récit.

Ce choix s’opère en fonction de but à atteindre et de l’impact souhaité sur le spectateur.

Un récit peut être raconté par différentes instances :

Le narrateur : souvent non identifié et extérieur à l’histoire, le narrateur est celui qui raconte.

Le point de vue d’un personnage : parfois, le narrateur peut être aussi un des personnages de l’histoire (voix off ou non).

L’adresse directe au spectateur : il s’agit d’une convention qui fait sortir de la fiction pour annoncer quelque chose (le thème du film).

Le recours à un média (K7 audio ou vidéo, journal, TV, etc.)

L’auteur 

C’est l’être humain qui créer l’histoire et le narrateur. Attention à ne pas confondre l’auteur du scénario et le narrateur du récit.

La structure

Le lien et l’ordonnancement des séquences constitue la structure du scénario, son architecture, son squelette et son arche narrative.

Une structure simple choisit de respecter la chronologie linéaire de l’action.

Une structure complexe jouera avec les temps du récit (flash-back, anticipations futures, etc…) ou en mélangeant les modes de récit (instances narratives différentes) si cela est justifié.

L’exposition du film

C’est la partie (généralement introductive) qui présente le personnage et sa problématique (son objectif) ainsi que la problématique du film (son genre, son thème, etc.)

Le dialogue

On distingue le dialogue direct (évocation directe d’un problème ou d’une situation) du dialogue indirect (les personnages parlent de tout sauf de leur problème et masquent leurs véritables émotions).

 Le monologue

Le personnage s’interroge et parfois énonce à haute-voix sa problématique.

La voix off (ou monologue intérieur)

Le style peut-être plus littéraire st s’affranchir de la grammaire et des conventions usuelles du langage scénaristique. Le monologue intérieur est l’expression des pensées qui agitent le personnage.

 Le conflit

Le conflit naît de la lutte de personnage pour atteindre son objectif.

Il ne peut y avoir de dramaturgie sans conflit.

Le conflit est au cœur du scénario.

Progression dramatique

Pour susciter et maintenir l’intérêt du spectateur tout au long du film, le scénario doit « tendre la dramaturgie » et respecter quelques étapes incontournables : exposition, développement des conflits, points de résolution des conflits (climax), rebondissements, etc.…

Dès qu’un conflit est résolu, l’intérêt du spectateur retombe.

Pour étonner le spectateur, le scénariste dispose d’outils plus ou moins sophistiqués (indices, rebondissements, fausses pistes, etc.).

 

5) Conseils, trucs, astuces…

 Les personnages doivent réaliser leurs propres intentions et non celles de l’auteur.

Inventer des petites actions témoignant du trouble des personnages.

 

Susciter et maintenir l’intérêt du spectateur.

Il est bon de placer le spectateur en situation d’attente et/ou d’interrogation. Pas la peine de lui donner forcement toutes les informations. A l’inverse, on peut aussi choisir de lui donner des informations dont ne dispose pas le personnage ce qui aura pour effet de valoriser le spectateur.

Essaimer des indices qui trouveront leurs sens ultérieurement.

Jouer avec les arythmies en fonction d’un but (créer une attente, ralentir, etc.).

Penser à utiliser d’autres éléments dramatiques comme la bande sonore ou des objets.

Pour la mise en scène des rêves ou des fantasmes, le scénariste doit s’autoriser une grande liberté et rompre avec la structure du récit.

Ne pas se polariser sur une fin envisagée avant même l’écriture du scénario.

 

Comment débloquer l’imaginaire :

Les méthodes varient suivant la personnalité des auteurs. A chacun de faire sa propre cuisine.

La consultation (non destructive) :

Pour une séquence « bloquée » n’hésitez pas à lire la séquence incriminée à des scénaristes ou à des non professionnels) et étudier les réactions de vos auditeurs.

En parler : Énoncez verbalement le point de blocage à qui veut bien l’entendre. Le fait même d’en parler peut vous débloquer.

Mots déclencheurs :

Prendre des notes sur la séquence et repérer les « mots clefs » (mots qui font écho) . A partir de ces mots, listez par associations libres « tout ce qui vient ». Relire ensuite ce « texte matriciel » pour voir si il ne recèle pas de nouvelles pistes. Pour favoriser l’émergence de notre inconscient, l’esprit doit rester ouvert et sans parti-pris dans un état d’« attention flottante ».

Les dictionnaires :

Recherchez les mots importants dans la séquence puis consultez leur définitions dans les dictionnaires (étymologie, synonymes, exemples, etc.).

La marche (avec un petit carnet) :

Relire la séquence avant de partir marcher l’esprit libre (sans focalisation sur le blocage). Marchez assez vite. Dès qu’une idée (même la plus saugrenue) survient, notez la sur votre petit carnet.

La méthode branque de Gérard Brach (scénariste) :

Installez et allumez des télévisions dans chaque pièce de votre habitation. Une image entrevue pourrait provoquer le déclic…

La documentation :

Rechercher de la documentation (de toutes sortes) sur votre sujet.

Les comédiens :

Demandez à des amis comédiens (professionnels ou non) de jouer votre séquence en improvisant.

 

Les dialogues :

Ne pas se précipiter avant de commencer à écrire les dialogues ; Bien se représenter tout d’abord l’état d’esprit des personnages à ce moment prècis de l’action, bien les visualiser pour utiliser les détails signifiants. Pensez aux corps et aux attitudes pour exprimer (ou suggérer) les émotions qui agitent les personnages plutôt que de rester seulement dans les mots.

Attention à éviter les pléonasmes entre les dialogues et les actions.

 

 

 

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