La comédie traite des faiblesses et des limites humaines (jalousie, bêtise, avarice, égoïsme, obsessions, libido, etc.). C’est ce qui fait sa force.
On peut jouer aussi sur les faiblesses d’une société, d’une culture ou d’une morale.
Dans une comédie, il faut donc chercher les faiblesses de vos personnages.
Dans une comédie, la plupart du temps, le personnage principal n’atteint pas son objectif et ne corrige pas ses faiblesses. La jubilation du spectateur est presque proportionnelle à cet échec. Autant on a du mal à accepter son propre échec, autant on se réjouit de l’insuccès de l’autre.
A l’image, les chutes et les accidents (sans gravité) font rire.
La comédie est souvent tragique sur le fond puisqu’elle induit qu’il n’y a pas forcément de solutions.
Ironie dramatique
C’est très important que le spectateur soit en avance sur le personnage. Le scénariste doit susciter l’attente du spectateur en montrant une action (ou un indice) dont on peut supposer qu’il va avoir des conséquences sur le destin d’un personnage.
Le spectateur sait quelque chose que le personnage ne sait pas.
Le spectateur jubile de cette position « supérieure » par rapport au personnage.
Les comédies sont bourrées d’ironie dramatique.
Hitchcock utilisait ce dispositif pour créer le suspens. En montrant quelqu’un qui dépose subrepticement une bombe dans un lieu, le spectateur va attendre inévitablement son explosion au moment où le personnage principal va pénétrer dans ce lieu.
Le spectateur dispose alors d’une information avant le personnage. Cela suscite une attente qui peut créer du suspens ou du comique selon les cas (exemple du clou dévissé dans Tanguy).
Deux séquences sont nécessaires pour créer cette ironie dramatique :
L’installation (pour donner l’information au spectateur) et l’exploitation (pour faire fonctionner l’effet).
Autre exemple : Cyrano de Bergerac.
Cyrano est amoureux de Roxanne sa cousine. Mais il n’ose pas lui déclarer sa flamme. Il va faire dire par un jeune homme des poèmes qu’il a écrit lui-même. Elle ne découvrira que très tard (sur son lit de mort) que Cyrano est l’auteur de ces lettres.
Ce dispositif jouant sur la connaissance qu’avait le spectateur avant le personnage (Roxanne) peut déboucher sur des scènes fortes en émotion ou en comique.
Dans certaines comédies, le héros peut aussi se moquer de lui-même et de ses propres faiblesses.
La comédie traite à la fois du ridicule des autres mais aussi de soi.
Plutôt que de dénoncer, la comédie met à jour le ridicule (ex. le Dictateur de Chaplin) mais sans faire de morale ou de discours.
Dans la comédie, les personnages croient complètement à ce qu’ils font et n’ont aucun recul sur eux-même (cf. le facteur dans Jour de fêtes de Jacques Tati ou les films de Buster Keaton).Ils sont souvent obsessionnels.
Les personnages deviennent alors attachants par leur ridicule.
La comédie exagère tout. C’est son essence même à la base du contrat implicite passé avec le spectateur. C’est cette exagération poussée à son paroxysme qui nous fait rire (cf. To be or not to be de Lubitsch).
Il faut éviter le réalisme. Le spectateur ne doit pas savoir où on l’emmène (cf. The Party avec Peter Sellers) On ne cherche pas à représenter le quotidien mais au contraire à s’en affranchir pour faire exploser le « réel ».
La comédie doit provoquer des décalages.
La comédie peut jouer sur un comique de caractère ou sur un comique de situation.
N’ayez pas peur de commencer les scènes en plein dans le feu de l’action. Pas besoin de préliminaires pour expliquer (sauf pour l’ironie dramatique). Montrez-nous les explosions et les étincelles du feu d’artifice !!! Allez rapidement dans l’exagération.
