
Allez, allez… On continue… Ci-dessous les notes prises lors du deuxième module de formation… Courage !
« Les pratiques narratives appliquées »
Isabelle LAPLANTE et Nicolas DE BEER
IFOD – 12-14 décembre 2016 (module 2)
Programme module 2 : pouvoirs coercitifs
Programme module 3 : pouvoirs normatifs – socio-culturels – abus de pouvoirs intérieurs
« Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne le trouveras pas »
(Héraclite)
Programme du module :
Premier jour du module 2 : Matin : Meta-carte pour jongler dans les conversations narratives – Après-midi : ateliers
Deuxième jour : Abus de pouvoir – double écoute
Troisième jour : Détresse émotionnelle – Résistance
La méta-carte
Les êtres humains sont des relieurs de temps dotés d’un langage symbolique. Ils dessinent des cartes (représentation de la réalité) et ont des compétences d’abstraction.
Quelques exemples de définitions :
Méta-carte : la carte des cartes
Carte : représentation conventionnelle d’un territoire
Carte conceptuelle : représentation graphique d’un champs de connaissance.
Modèle : description schématique d’un système, d’un thème ou d’un phénomène.
Concept : relier entre eux, ils forment une pensée.
Les histoires sont des cartes.
Le but du praticien est d’ancrer des cartes (histoires) préférées à partir de leur histoire (dominante).
En changeant la carte, peut-on changer le réel ?
Les cartes appartiennent aux clients. Les boussoles aux praticiens.
Les penseurs de référence.
Alfred Korzybski (1879-1950)
Connu pour son aphorisme : « La carte n’est pas le territoire »
La carte est auto-réflexive : elle parle de celui qui la dessine.
Robert Dils
Créateur d’un modèle sur les niveaux logiques de la pensée. Modélisation des niveaux d’excellence de la pensée.
Conseils de praticiens
La description (du problème) permet de rendre compte de l’expérience… Plus elle sera enrichie, plus elle donnera d’éléments pour « travailler »
L’abstraction : capacité de fabriquer de la théorie à partir de l’expérience
Concept d’échafaudage
– Niveau de la caractérisation (aussi proche que possible de l’expérience)
– l’insérer dans une chaîne d’association (effets du problème)
– réflexion/évaluation : les valeurs
– Plan d’action : qu’est-ce que je pourrai te voir faire demain ? (Retour de la pensée vers le terrain du réel). Ouverture des possibilités d’agir.
Comment nous développons nous ?
L’apprentissage résulte d’une collaboration et permet le développement.
La pensée est rhizomique.
Le déroulé
Carte 1 : modèle général de développement
Le devoir de guider le client vers de nouvelles cartes (cf. p 4)
Carte 2 : Objet – partie reconnaissable de l’expérience/évènement
Carte 3 : Faire faire des connexions au client. Donner une direction à la pensée : amont, aval, croisement, association (cf. conversation pour redevenir auteur).
Carte 4 : choix du champs de réflexion
Inférences (tirer des conclusions), résonnances (exemples des témoins extérieurs), réciprocité, persévérance (continuer à essayer de réussir).
Carte 5 :
– Conceptualisation, recherche de concepts. Justifications (pourquoi ?), initiative (reprise de pouvoir, se rendre compte qu’on a de l’influence sur qqun)
– Le titre de l’histoire à trouver
– Telos : le but du but du but… le grand principe
Carte 6 : méta-carte
A valider sur le territoire de la pratique
Pause déjeuner/reprise
Vidéo/dessin animé (processus de la fabrication d’histoires)
Exercice de réflexion
Entrainement à l’externalisation
Débrief
L’externalisation est avant tout une attitude.
Chercher l’exception après avoir décrit le problème.
Pour le client, le fait d’être là manifeste un acte de rébellion… (mais comment faites-vous pour si bien vous protéger, d’où vous vient votre capacité de résistance ?)
Conseils et techniques de questionnement
Plutôt ci, plutôt ça ?
Qu’est-ce que ce n’est pas
Et ce je ne sais pas… c’est ?
Débrief exercice – Exceptions
On cherche à interroger les effets et les tactiques du problème…
Pause
Débrief – Mettre à jour les intentions
Conseil : reprendre dans la prise de notes les mots soutenants pour écrire une lettre
Lecture d’une lettre de M White – c’est une (re)narration de ce qui est précieux… Elle souligne les valeurs fortes de la personne.
Résumé de l’entretien précédent…
« Vous avez franchi des étapes, vous avez découvert… vous avez attiré mon attention sur… Vous êtes capable de… une percée importante… je suis impatient de connaître la suite »
Deuxième jour 30/11/16
Réflexions pour une désincarcération mentale
« Laissons les étiquettes à ceux qui ne veulent pas penser »
(Michel Serres)
– Freiner le « terrorismes intellectuel », la « tyrannie parlière » (Voltaire)
– Attention aux similitudes, aux pensées paresseuses, éviter les conclusions hâtives, tenter de suspendre les jugements.
– Préférez « l’entre deux » (entre chien et loup), là où il se passe quelque chose
– Débrouillez-vous pour multiplier les choix
– Questionner les évidences
– S’arracher aux conventions
– Se dégager des généralités
– Ne pas devenir complice des abus de pouvoirs.
Il est toujours intéressant de questionner le client sur le sens des mots qu’il emploie.
Les abus de pouvoirs/la violence
Refus d’externalisation pour un abuseur : le problème est la personne
L’abuseur doit reconnaître sa responsabilité, reconnaître sa dette/honte/désir de réparation
C’est la personne abusée qui choisit la réparation
Double écoute
Carte du trauma
Exercice de double écoute
Troisième jour 01/12/16
Thème journée : absent mais implicite (Ce qui est caché)
Jacques Derrida/déconstruction
La douleur/détresse est un signe de résistance
« On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitude qu’il est capable de supporter »
(Emmanuel Kant)
L’ennui construit l’intériorité…
« La province commence là où la pluie devient une distraction »
(Gustave Flaubert)
Débrief exercice : deux groupe de sens
– Sens acceptable/traditionnel
– Qu’est-ce-que ce mot n’est pas…
Dans tout système, dans tout mot, il existe son propre élément de destruction.
Les mots contiennent en leur sein leur propres ruines.
Je ne peux prendre en compte que le mot tolérance que si j’invoque son contraire.
Les mots sont fréquemment ambigus, présents mais invisibles encore dans l’ombre.
Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux…
Le mot est secret et capable de tout…
Le langage va plus loin que la pensée ne peut voir.
La dé-construction
– L’entre chien et loup
– Interroger l’impossible
– Détraquer la dialectique
– Réélaborer ce qui a toujours été minoré
– Acte de résistance
– Une stratégie radicalement politique
– Répudier la pensée d’un monde soumis
Derrida utilise le mot différance (un mot qui n’existe pas)
– Se forcer à penser
– Suspendre les jugements
– Lutter contre les significations figées.
Les étapes de la De-construction
(Comme s’il y avait une méthode)
1) Définir le champs conceptuel d’un mot… définir la racine, ce qui domine.
2) Mettre à jour et examiner les couples en opposition
3) Mettre en lumière la hiérarchie de ces couples
4) Inverser ou bouleverser cet ordre (mettre en lumière ce qui est dans l’ombre)
5) Phase de neutralisation – Créer de nouveaux concepts
Déclasser les affaires classées… Déconstruire c’est emmener ailleurs…
Conseils (en séance)
Traînez, traînez, traînez… Plus vous allez lentement, plus vous irez vite.
Les gens ont la compétence de faire de la distinction, de dire ce qui n’est pas.
Les gens sont créateurs de sens
Toutes les expressions se situent à plusieurs niveaux (double écoute)
« Qu’est-ce qu’il ne me dit pas de ce qu’il est en train de me dire » ?
Absent mais implicite (Isabelle)
Exemple de M White au début de chaque conférence dit :
Ce que je ne vais pas vous dire c’est…
Toute expression est fondée sur son contraste
Exercice : liste des plaintes qui me mettent en impuissance, dans une impasse (trouver le contraste d’une plainte).
– « Je me sens impuissant » – connaissance de ce qu’est la force, la détermination
– « Je ne sais pas ce que je veux » – capacité à évaluer plusieurs options/désirs
– « Je me sens invisible » – L’envie de se montrer, d’exister
« Je ne vais pas au bout des choses » – sens de l’avancée, de voir le but
« Je me sens seul » – goût du collectif/désir d’amour
« J’ai trop d’émotions » – sens de la retenue, de l’équilibre, de l’analyse, du discernement, du contrôle…
« Je manque de sens » – sens de la signification/reconnaissance de ses besoins
Détresses émotionnelles
Idées reçues (selon M W) : J’ai subi un trauma et il y a des dégâts définitifs… Victimisation (difficile de retrouver du pouvoir sur sa vie)…
1) description
La douleur/la détresse peut-être vue comme un témoignage (Une valeur, une force)… Elle signale une valeur forte bafouée.
Plus la douleur est forte et plus la valeur est forte (corrélation de l’intensité)
Suggestion orientant le questionnement du praticien : quelle valeur a-t-elle été bafouée au point que… ; la conversation va permettre de ressusciter les valeurs bafouées
2) Refus d’abandonner cette valeur ; besoin de rendre hommage à ce qui est précieux.
La détresse manifeste le désir de maintenir le lien avec cette valeur précieuse…
Question : A quelle valeur restez-vous fidèle au point que vous êtes dans la douleur ?
La personne lutte et combat – Elle a besoin de se reconnaître une compétence pour maintenir la relation avec la valeur (avec la vie ?)
3) Proclamation de réaction (à nous de montrer la capacité à réagir/re-agir).
Il s’agit d’un acte de résistance
Exemple
La fuite n’est pas seulement une preuve de lâcheté… C’est un acte de refus, une protestation.
La conversation doit mettre à jour la capacité de réaction.
4) La douleur/détresse n’est pas un état mais un mouvement dynamique
Toute expression peut être considéré comme un mouvement vers une histoire (vie) préférée.
Conseils questionnement : essayer de faire nommer la réaction, l’acte de résistance. Emmener la personne vers un champs de pensée où la personne trouvera le mot qui lui correspond.
Utilisation de témoins extérieurs… les personnes « rescapées » ont une mission pour aider les autres à s’en sortir.
Le praticien aide la personne à prendre position, aider à reprendre conscience de ses forces, aider à devenir agissant…
Pause/reprise après-midi – P 27
Carte absent mais implicite – Isabelle donne l’exemple d’une consultation
1) la description : Exprimer une frustration – le contexte
2) La connexion : Trouver les contrastes – chercher les valeurs bafouées – les compétences –
3) Action – l’acte « héroïque »
En refusant… qu’est-ce que vous faisiez
4) Intentions/compétences et buts de vie
Qu’est-ce que cela nous dit de vous ? Qu’est-ce que vous n’accepterez jamais de transgresser ?
5) Plan d’action – qu’est-ce que vous pourriez mettre en œuvre
La résistance – A chaque histoire d’oppression, il existe une histoire de résistance
« Quand le puissant seigneur passe, le paysan sage s’incline et pète silencieusement »